Le cirque Romanès réchauffe les âmes, les corps et les coeurs
Le Cirque Romanès présente son nouveau spectacle sous son chapiteau pour réchauffer les âmes, les cœurs et les corps.
Il fait froid, il fait froid depuis combien de temps, depuis combien de semaines supportons-nous les cœurs gelés, le sang glacé, l’esprit inquiet, la violence partout, les attaques dans le monde, les viols de guerre, les racismes, le mépris de la misère, montrer l’autre du doigt comme un ennemi venu d’ailleurs pour souligner le vide des esprits inconséquents.
Romanès est là, debout, le cirque fier, pur, chaud, il enflamme les âmes et les corps, fait valser les clichés, vibrer les cordes sensibles.
Un petit chapiteau rouge comme un cœur qui bat malgré tout dans le corps parisien froid, rien ne l’arrête, ses veines pompent le sang de la vie, la beauté, les rêves, l’imagination et la joie, la joie partout, debout, assis, couché, en l’air, au sol, en chanson, sur des sangles, un trapèze, sur des notes de musique, des tissus aériens, une corde, des balles, des massues, des bolas enflammées, une corde tendue où la fantaisie est toujours en équilibre.
Instable, précaire, humain, le droit à l’erreur existe dans ce cirque.
La foule est dense au cirque, la porte Maillot se noie dans sa nuit, les habitants du 16e commencent à se faire une solide réputation de violence contre les plus fragiles, les SDF heureux de trouver un abri ont pour accueil un feu de bourgeois noyé dans le fiel de la propriété privée et les Romanes sont traités depuis des mois comme des étrangers, des bêtes à maltraiter.
Il faut pourtant les rencontrer, les voir vivre, célébrer l’amour, le bonheur, le partage.
Chez eux la bienveillance est partout, la porte est toujours ouverte a qui veut voir de la lumière chez eux. Qui pourraient-ils déranger dans ce parc à part les fragiles d’esprit, les sans cœur, les ignorants ?
Il fait froid, les gens entre dans novembre, le novembre d’après l’année suivante, le vivre avec ou vivre sans, la terreur dans les médias, les corps gelés, les cœurs en apnées, certains décident de sortir et de vivre le dernier spectacle des Romanès.
« Si tu me quittes, je me jette par la fenêtre de la caravane ». l’humour, la belle langue, la passion de la poésie sont déjà dans le titre. Derrière la porte il y a le chapiteau, le rouge, la vie, Délia et sa famille sont là pour accueillir les spectateurs, un sourire, une boisson, un ticket, des rires, grands et petits grimpent sur les marches du chapiteau.
La chaleur humaine est déjà palpable, tout le monde attend cette pulsion de vie circulaire et aérienne.
Il fait noir, la musique commence, les voix, les instruments, toute la famille sort des coulisses, les spectateurs sont déjà suspendus au fil de cette nouvelle histoire de cirque.
Les filles portent de superbes jupes à fleurs, belles gitanes, petites filles, jeunes femmes et femmes dansent, chantent. Ils sont venus, ils sont tous là, il vont chacun offrir le meilleur au spectacle.
Chaque jour comme si c’était le premier, les artistes donnent tout, pas de relâchement, le don de soi est énorme.
Enfants et adultes sont émus dès la première seconde de spectacle, un apaisement, ici chacun se réchauffe, chacun est chez soi, nulle part si ce n’est au cœur de la vie, de l’amour, de la joie d’être au monde.
Pas une seconde de répit pour les musiciens, ils habillent de notes tous les numéros, Délia glisse sa présence, et sa voix si puissante comme si elle portait toutes les générations de familles tziganes depuis leur départ des Indes. Son regard, est pour chaque artiste, chaque spectateur, elle enveloppe de bienveillance le moment présent.
Alexandre son mari est là du début à la fin, il protège tous le monde, soutient les numéros les plus périlleux et propose même un poétique et drôle numéro de dressage de son improbable et adorable chien.
Il faut vivre ce moment unique, sentir son cœur vibrer, danser, virevolter, difficile de décrire chaque numéro.
Rosa Regina, la dernière fille d’Alexandre et Délia emporte tout sur son passage, si jeune et déjà si présente, lumineuse, sensuelle, précise, enflammée, elle habite son corps et tout l’espace d’une force incroyable. Fascinante beauté de son corps dans l’espace, son regard puissant captive et ses danses peuvent enivrer des centaines de spectateurs !
Pour le final chacun salut dans une danse éclatante, les spectateurs heureux tapent dans leurs mains. Un beignet chaud, un verre, un livre d’Alexandre, un échange de mots, une signature. Il faut regagner le froid, Paris, la porte Maillot mais les corps et les cœurs sont en ébullition, l’impossible arrive !
Un havre de paix, un abri pour oublier le froid, les doutes, la violence et les peurs, le cirque Romanes est unique en son genre, l’âme tzigane est bien vivante, remercions là de nous accueillir en son sein comme des nouveaux nés assoiffés de bien-être, de plaisir et de vie.
Lire les livres d’Alexandre Romanes devrait être remboursé, il vient juste sortir son autobiographie « Les corbeaux sont les gitans du ciel ». dont nous vous parlerons bientôt.
Alexandre Romanes recevra sous son chapiteau ce soir de la main d’Audrey Azoulay, ministre de la culture la légion d’honneur. Si celle-ci est hélas de plus en plus dévoyée, elle prend ici toute sa force. Grace à ses mots, par la force de sa pensée, de son travail, celui du verbe et du cirque, la poésie et le peuple tzigane sont reconnus par cette médaille.
L’état a le devoir de protéger tous les humains d’où qu’ils viennent, la terre d’accueil ne doit jamais être en voie de disparition.
Préservons la beauté du partage, de la fête, de la poésie, enrichissons nous les uns les autres, faisons de la vie un grand cirque lumineux.
Merci à la famille Romanès d’éclairer Paris de ses lueurs.
visuels :(@cirque Romanès et BC)