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[Live report] Japandroids au Nouveau Casino : garage rock minimal, énergie maximale

[Live report] Japandroids au Nouveau Casino : garage rock minimal, énergie maximale

24 July 2013 | PAR Bastien Stisi

Japandroids - Celebration RockPas besoin d’une armée de musiciens nombreux et emphatiques pour pontifier un vrai bon groupe de rock : les membres de Japandroids se comptent sur les doigts d’une main qui en aurait perdu trois, n’ont pour unique attirail de combat qu’une guitare, une batterie, et une vocalité doublée, mais sont parvenus à retourner le très exigeant Nouveau Casino en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer les noms de Brian et de David, les deux performants et énergiques canadiens. Let’s rock.

Dans le couloir exigu qui joint la rue d’Oberkampf à l’entrée camouflée du Nouveau Casino, une série d’affiches rappelant les dates prochaines de la salle en même temps que la programmation nichée et très électronique du Colors Music Estival. Dans les cieux clôturés du lieu, toujours cette végétation verdoyante quoique factice et ces lampes qui ressemblent à des ballons gonflés suspendus dans le ciel. Sur scène, deux canadiens aussi bruyants qu’un groupe de rock au grand complet qui réciterait du Sonics en répétition pour accorder le plus correctement possible ses instruments de fureur, et qui balance avec une énergie dévastatrice un garage rock vivifié et empli d’une pureté authentique que l’on n’est plus tellement habitué à voir en ce début de XXIe siècle.

Chez les bavards canadiens de Japandroids, lancés dans la fosse aux rockeurs il y a trois ans par le très influent Pitchfork après quelques années de galère, pas de machines alambiquées ni d’ordinateurs avec des pommes blanchies pour amplifier le set de sonorités supplémentaires, pas d’influences à aller chercher dans les sous-genres musicaux les plus éclectiques qu’il soit, pas de compositions théorisées et un tantinet prétentieuses. Parce qu’il est parfois utile de zieuter du côté du minimalisme le plus absolu, le duo ne se présente sur scène qu’accompagné d’une guitare, d’une batterie, et des compositions d’un premier album, Celebration Rock, sur lequel défile un tourbillon garage tonitruant, qui fait muscler les mollets en même temps qu’il fait violemment bouger les têtes. Ça gratte violemment la guitare, ça tape furieusement sur la batterie, ça sent l’euphorie printanière d’un rock simplifié sans jamais être simplet, qui ravira un Nouveau Casino partagé entre des quarantenaires nostalgiques et ouvert aux nouveautés garage, et des gamins de vingt piges un peu plus mouvementés au-devant de la fosse. Lorsqu’il est bon, le rock perd toute notion d’âge et de composante capillaire.

Quelques tubes bien sentis avec des « wohohoh » pour permettre au public de s’immiscer dans les morceaux (« The House That Heaven Built », « Young Hearts Spark Fire », « Younger Us »), quelques impertinences jouissives de sales gosses turbulents (« To Hell with Good Intentions »), et un concert clôturé en beauté et en fureur par les fracassements d’un « I Quit Girls » plus tumultueux que jamais.

Dans une verve considérablement plus électronique, le Colors Music Estival poursuit sa programmation érudite tout l’été encore. Vous avez d’ailleurs déjà peut-être gagné votre place pour le set du dj technoïde nippon Ken Ishii, qui se produira dans la nuit de vendredi à samedi.


Visuel © : pochette de Celebration Rock de Japandroids

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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