[Interview] Balthazar : « Du genre à écrire une chanson pour une fille au lieu de lui faire l’amour »
On a écouté et aimé le troisième album du groupe de rock belge Balthazar, qui s’appelle Thin Walls, sort le 30 mars, et qu’on a trouvé tout à la fois étrange et entraînant, atmosphérique et sentimental. Vous aurez aussi la possibilité de découvrir sur la scène du Bataclan le 16 avril prochain « Nightclub », « Wait any longer » ainsi que les autres chansons qui composent l’album. Rencontre avec les deux leaders du groupe dans un hôtel cossu du 9ème arrondissement pour clore leur tournée d’interviews en France …
Votre troisième album sort bientôt. Est-ce un album qui vous a demandé plus de préparation que les deux premiers (Applause en 2010 et Rats en 2012) ?
Jinte Deprez : Plus ou moins, mais c’était en tout cas une préparation complètement différente. Pour les deux premiers, on disposait de pas mal de temps et là beaucoup moins, à cause de toutes les tournées qu’on a faite.
Maarten Devoldere : C’était la première fois qu’on avait un producteur. En fait, pour nos deux premiers albums, on a d’abord enregistré nos titres puis on les a mixés, alors que là on a tout ré-enregistré. Ca, ça a été plus long, mais le temps de l’écriture est en revanche allé plus vite.
Vous avez enregistré votre premier album en Norvège et votre deuxième aux Etats-Unis. Où vous êtes-vous rendus pour le troisième ?
J.D. : En Grande-Bretagne.
Pourquoi le choix de l’anglais ?
J.D. : En Belgique, à Courtrai, nous avons grandi avec la télé et la musique en anglais. On a toujours écouté des groupes en anglais.
M.D. : Le Flamand ne se prête pas trop à la musique, à part au rap.
Pourquoi ce titre – Thin Walls – alors que l’album parle surtout d’amour – rien qu’à en juger par plusieurs de ses titres : « Dirty Love », « Last Call », « I Looked For You », « True Love » ?
J.D. : Le titre se réfère aux circonstances de création de l’album, à savoir en tournée. Les murs étaient fins …
Pouvez-vous me parler en quelques mots de votre conception de l’amour ? Etes-vous des romantiques ?
M.D. : Je suis du genre à écrire une chanson pour une fille au lieu de lui faire l’amour.
J.D. : On préfère écrire sur notre vie privée que sur la politique, et dans chaque vie privée il y a des enjeux amoureux. On a envie d’écrire sur ce qui nous meut profondément plutôt que sur la guerre en Irak.
Avez-vous eu des influences musicales précises sur cet album ?
M.D. : Non, nous sommes influencés par tout ce que nous entendons au quotidien à commencer par Miley Cyrus au supermarché. Je ne suis pas un grand fan et, malgré moi, ça m’influence. On a un éventail d’influences très large : d’Elvis Presley à Beyoncé, et de Madonna à Johnny Cash.
On peut penser aux Beatles ou aux Rolling Stones …
J.D. : Oui, on aime beaucoup les années 60, les chansonniers classiques ; mais on aime aussi le hip-hop – tout sauf peut-être le dubstep.
La musique électronique aussi ?
M.D. : Oui, mais pas la musique électronique purement instrumentale.
Vous venez de la rue ?
M.D. : (rires) : On a fait de la musique dans la rue, oui ! C’est comme ça qu’on s’est rencontrés.
Oui, c’est ce que je voulais dire. Et est-ce que ça vous a apporté quelque chose en particulier le fait de jouer dans la rue ?
J.D. : La dureté des touristes. La dureté des femmes snob qui font du shopping et qu’on ne peut pas baiser, qui sont inaccessibles.
Pensez-vous que l’école de la rue est plus est instructive qu’un conservatoire ?
M.D. : Non, on l’a fait aussi ; mais la rue vous immunise contre toutes sortes de choses, pour les situations où ça va mal. Dans la rue, tout va mal tout le temps.
Que pensez-vous de la scène de rock belge actuelle, qui est assez active ?
J.D. : Oui, c’est une scène très active. C’était chouette de grandir dans ce contexte.
M.D. : Il y a beaucoup de groupes talentueux, comme Deus …
J.D. : En Belgique, on est très créatifs et très ouverts. C’est le propre de ce pays de mélanger plusieurs cultures – la française, l’anglaise, l’américaine … C’est un creuset.
L’inspiration pour une chanson vous vient-elle facilement ?
M.D. : Jusqu’ici, oui. Après on ne sait jamais …
Crédit photos : Alex Salinas