Musique
Live Report : Miloš fait rêver un public attentif au Café de la Danse (07/07/2011)

Live Report : Miloš fait rêver un public attentif au Café de la Danse (07/07/2011)

08 July 2011 | PAR Yaël Hirsch

Pour un soir, le Café de la danse s’est transformé en bienveillante Salle Pleyel, hier soir. Le jeune virtuose du violon Miloš Karadagli a respecté à la lettre un programme seul en scène, qu’il a expliqué avec générosité et pédagogie. Et son public est reparti apaisé, rêveur et conquis.

Annoncé à 20h30, le wunderkind de la guitare classique est entré en scène dès 20h40 et sans première partie. Juste le temps de parcourir un programme du concert, de s’asseoir et de se concentrer. Encore plus beau que sur les photos qui accompagnent la sortie de son album, “Mediterraneo” chez Deutsche Grammophon, simplement assis – chemise, cravate et souliers noirs vernis- sur une chaise noire et rouge du Café de la Danse, guitare tenue comme un violoncelle entre les jambes et le pied posé sur la boite blanche qui transporte son précieux instrument, Miloš entre dans le vif du sujet avec un prélude de Villa Lobos, les mains virevoltant sur les cordes.

Après ce premier air, il s’adresse en français au public, explique combien Paris compte pour lui et s’excuse de poursuivre en Anglais pour introduire deux morceaux célèbres d’Albeniz: le grand classique et proche du flamenco “Asturias” (voir vidéo) et “Granados” qu’il a découvert dans “Vicky, Cristina, Barcelona” d’Almodovar. Puis, avant de s’attaquer à deux préludes et fugues de Bach, le guitariste explique longuement combien il est difficile de jouer ce compositeur à la guitare, instrument qui n’existait pas encore au XVIIIe siècle, si ce n’est sous forme de Luth dont Bach ne savait pas jouer!  Il composait donc pour une sorte de Piano-Luth et c’est depuis cette partition qu’il a fallu transposer les notes… Le résultat est magique. Dans la salle du Café de la Danse, plus personne n’ose se lever pour aller aux lavabos, ni boire une gorgée de bière, de peur de perturber un son à la fois si fragile et si puissant. Et le public attend toujours que la dernière corde pincée ait fini de vibrer pour applaudir à tout rompre.

Nouvelle explication sur le changement d’accord de la guitare pour deux joyeuses danses de Granados (n°2 et 5). Enfin, Miloš nous apprend que le compositeur italien Domeniconi s’est installé en Turquie et que c’est du folklore de ce pays que son “Koyunbaba” s’inspire. Un air qui a beaucoup soutenu le jeune virtuose quand il avait le mal du pays lors de ses études à la Royal Academy of Music de Londres. Généreux, sans pose ni cabotinage, Miloš a livré deux très beaux bis : d’abord une version époustouflante des fameux “Jeux interdits” puis une sorte de berceuse avec le “Lagrima” de Tarrega. A sa sortie de scène, une longue file de fans l’attendaient pour qu’il dédicace son album. Ce que Miloš a fait avec grand plaisir, un immense sourire aux lèvres.

Miloš parvient à prouver combien la guitare classique peut susciter des interprétations originales et habitées. Sans jamais quitter son domaine, il crée des liens entre musique “populaire” et “classique”, avec une grâce irrésistible. Sa présence sur scène happe l’attention, et quelle que soit la vitesse à laquelle ses doigts filent sur sa guitare, Miloš livre une musique techniquement parfaite et profondément apaisante. Une invitation au rêve et au voyage à ne manquer sous aucun prétexte au prochain passage de Miloš à Paris, en février prochain (TCE).

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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