Live report : Mamani Keita et Bibi Tanga font danser l’EMB Sannois (21/05/11)
Les deux artistes ont entraîné le public malheureusement clairsemé de l’EMB dans un voyage électrisant entre les continents et les cultures musicales. Résultat, un concert enlevé mêlant rythmes frénétiques et sonorités africaines. Groovy baby !
Mamani Keita foule la première la scène de Sannois pour sa fin de résidence à l’EMB. La chanteuse malienne résidant à Paris entame la tournée de son dernier album, Gagner l’argent français, sorti le 16 mai. Entouré de ses cinq musiciens, elle passe en revue les titres de ce nouvel opus avec un enthousiasme évident et une énergie contagieuse.
“Demissen Koulou”, “Doussou”, “Douba” ou encore le morceau éponyme et premier single de l’album sont portés par la voix phénoménale et enchanteresse de Mamani Keita qui prend toute son ampleur sur scène. Une voix venue de l’âme, dont son arrangeur Nicolas Repac (connu pour sa collaboration de longue date avec Arthur H) dit ne pas savoir si elle appartient “à une gamine de 16 ans ou à une femme de 80 ” . On se surprend même à trouver des consonances asiatiques dans certaines de ses intonations.
Le chant bambara de celle qui fut la choriste de Salif Keita et de Dee Dee Bridgewater est mis en relief par un subtil métissage entre l’assise rock de la section rythmique, les harmonies africaines du guitariste Djeli Moussa Kouyaté et les sonorités mandingues du n’goni, délivrées par le griot virtuose Moriba Koïta. Tout au long du concert, la chanteuse prend soin d’offrir à ses musiciens des espaces de liberté pour permettre leurs envolées instrumentales. On lui pardonnera donc aisément le flottement survenu au milieu du set à cause d’une erreur de tonalité et on le mettra sur le compte du rodage de ce nouveau spectacle.
Puis, c’est au tour de Bibi Tanga de faire son entrée sur scène pour ce qui s’avère être la claque musicale de la soirée. Accompagné du trio groupe The Selenites et de son acolyte aux platines, le Professeur Inlassable, le chanteur-bassiste originaire de Centrafrique prend possession de la salle avec aisance et décontraction.
Les spectateurs de l’EMB se laissent peu à peu gagner par les rythmes euphoriques aux couleurs africaines de “Pasi” et “Be Africa” et par les gimmicks funkisants de “Swing Swing” et “It’s the Earth that Moves”. Des titres issus de Dunya, son dernier album sorti début 2010 et dont le morceau éponyme résonne à lui tout seul comme un standard afrobeat digne du grand Fela. Le chanteur impressionne par sa présence et réussit l’exploit de combiner une voix de velours capable de monter dans les aigües à la manière d’un Curtis Mayfield avec le funk abrasif d’un James Brown, le groove de Prince et la classe nonchalante de Keziah Jones.
Soutenu par des musiciens en grande forme (notamment un batteur survolté), l’ancien de la Malka Family offre également quelques chansons de son premier opus Yellow Gauze, pour finalement quitter un public conquis sur l’hymne groovy “Ayo” (aucun lien…). Et comme il le dit si bien, “let’s say goodbye with a smile” .
Un artiste à découvrir impérativement sur scène !