Live report du 1er décembre: Concert d’Isabelle Boulay au Casino de Paris
Isabelle Boulay chante au Casino de Paris pour quatre soirs, du 1er au 4 décembre. Les grands espaces est son plus bel album : elle réussit à merveille à concilier la musique country de ses appartenances et la variété de bonne facture.
Isabelle Boulay peut être fière de cet album, qui possède une couleur bien particulière. Chanter les paysages, chanter l’âme d’un pays et des travailleurs qui l’habitent, cela n’a rien d’évident. C’est ce que tous les grands artistes s’efforcent de faire : capter des instants de vie, toucher les gens. Avec Les grands espaces, Isabelle Boulay nous a vraiment touchés. Très bien entourée (Benjamin Biolay a réalisé les arrangements et a composé un titre, tout comme Jean-Louis Murat !), elle est parvenue à un très joli équilibre entre le cœur de la musique country et la variété. C’est bien cela, l’esprit de la country : aller vers les gens, tous autant qu’ils sont, pour les émouvoir le plus directement possible. On pense à un autre Canadien, Neil Young ? Il n’est pas si loin puisque Isabelle chante même sur cet album deux titres de Daniel Lanois, « Jolie Louise » et « O Marie » (qui a arrangé The Noise, le dernier Neil Young !).
En première partie, Dave Dario (candidat de la Nouvelle star, saison 2010 : un jeune homme venu des îles et qui portait toujours une casquette), qui a chanté quelques compositions très personnelles d’une belle voix douce et très juste (« Je cours », « La vie qui passe », même une jolie reprise de « No woman no cry »). Il chante avec émotion ce qu’il doit à son père, à sa famille. Son sourire est réellement communicatif !
Le concert d’Isabelle Boulay s’ouvre par une reprise de Françoise Hardy, « L’amitié ». « Je viendrai chauffer mon cœur à ton bois » chante Isabelle. A son bois, nous chauffons aussi le nôtre, ainsi qu’elle nous y invite aimablement : « Je voudrais vous faire partager mes grands espaces, mes paysages et, d’abord, bien sûr, l’espace du cœur ! ». Une autre reprise, « Souffrir par toi n’est pas souffrir », écrite par Roda-Gil pour Julie Clerc.
Ces mots très simples agissent, portés par une musique country vraiment incarnée. « Les grands espaces » ou « Fin octobre début novembre » sont de belles chansons.
Avec le « Jolie Louise » de Daniel Lanois, Isabelle Boulay transporte le public. Très à l’aise, dans son élégant smoking noir, elle ondule en tenant le fil du micro comme un lasso !
Dans ce concert extrêmement agréable, il y en a pour tous les goûts. La chanteuse ne s’en cache pas, elle l’explique sans détour : son style a évolué vers la musique qu’elle aime, la musique country, le folk-rock des origines, mais elle interprétera aussi ses anciens titres, que son public des débuts connaît.
Les hommages se multiplient, tous remarquablement interprétés : à Dolly Parton avec « True Blue », à Gerry Cole avec le magnifique « Mille après mille » (« J’aime bien les chansons écrites par des hommes, nous confie Isabelle Boulay, on a l’impression qu’ils s’y commettent un peu plus que dans la vie ! »), à Willie Nelson avec « Crazy ». La voix d’Isabelle Boulay se déploie, forte ou très douce, toujours musicale.
Moment que nous apprécions totalement : Isabelle rend un hommage très marqué à Jean-Louis Murat, cet « enfant terrible, qui a le diable au corps, un peu comme l’avait Elvis » et qui est (nous sommes bien d’accord avec elle !) « le plus grand poète français » ! Elle chante la chanson que Jean-Louis Murat a composé pour elle, la superbe « Amour aime aussi nous voir tomber ». On sent les musiciens très heureux de jouer ce morceau !
Le temps de changer de tenue et Isabelle Boulay revient, vêtue d’un jeans noir et d’une chemise en soie noire et bleue, mouchetée. Plus relax, pour enchaîner quelques anciens « tubes » : « Tout au bout de nos peines », « Rien ne vaut mieux qu’ici bas » et le fameux « Parle-moi », qui galvanise le public.
Enfin, le concert se termine sur une très belle note, avec la chanson « Voulez-vous l’amour » composée par Benjamin Biolay, qu’Isabelle remercie très chaleureusement pour son rôle dans cet album et une dernière reprise, et non des moindres, « Dis, quand reviendras-tu ? » de Barbara.
Ce n’est pas très branché, un concert d’Isabelle Boulay ? Peut-être pas, mais qu’est-ce que ça peut faire (un titre de Benjamin Biolay, justement !). C’était un vrai beau concert, plein d’humilité, d’amour de la musique et d’humanité. Tout ce dont nous avions besoin pour nous réchauffer cet hiver !