
Le monde est beau ? Vraiment, monsieur Oldelaf ?
Le monde est beau, premier album solo d’Oldelaf (alias Olivier Delafosse, anciennement Oldelaf et Monsieur D), sorti le 17 octobre 2011, est une création sensible, cynique et réaliste. Adepte des détours inattendus sur la vie quotidienne qu’il chante avec un mordant intransigeant, Oldelaf met également en scène des catastrophes rocambolesques dont la seule échappatoire est un capharnaüm hilarant et romanesque. Sa célébrité nationale a nouvellement explosé grâce à son titre “La Tristitude”, au point de révéler un artiste exceptionnel qui était pourtant depuis toujours sous notre nez.
Dans les cours de récré, les colonies de vacances, les bars jeunes et les salles de concert dignes de ce nom, celui d’Oldelaf est tout sauf inconnu. Celui dont la violence rare dans certaines chansons comme “Père-noël”, “Raoul mon pitbull”, “Le Café” ou “Rue de Nantes” masque à peine un génie pervers et tendre à la fois, se lance dans une carrière en solitaire. Rien n’a changé. Ses chansons, depuis 1997, sont toujours lamentablement tristes, ou incroyablement remontées, ou porteuses d’un espoir ironique et factice. Caricaturant tout ce qui se fait de bien ou de mal dans la chanson française, dans la vie de tous les jours ou les événements tragiques de l’être humain, Oldelaf est accrocheur, se fredonne sans même y penser et remporterait haut la main la palme de l’album le plus drôle de l’année pour chaque année d’activité, s’il était écouté par un plus large public.
Mais une cruelle lacune se fait ressentir dans chacune de ses compositions : un manque de renouvellement que l’on pardonne tant la monotonie lui sied. Accompagné de ses acolytes, les successifs “Monsieur D” et Pépito Valdez, et fort de ses collaborations et références à des collègues plus ou moins prestigieux (les Petits Humains, les Joyeux Urbains, les Fatals Picards, les Ogres de Barback), Oldelaf réalise une chanson française à son image : tendre et dégueulasse, réaliste et rêveur sans illusion.
C’est dans le registre de la mélancolie indécrottable que l’on retrouve Oldelaf sur ce nouvel album, dont le titre-phare est “La Tristitude”, amalgame naturel entre la tristesse et la solitude dans laquelle chacun est plongé chaque matin, chaque après-midi grise et chaque nuit sans sommeil. On est tenté de compléter le dictionnaire du chanteur au moyen de la chiantitude, la banalitude, l’ennuitude, la prévisibilitude ou la désespoiritude, autant de néologismes humoristiques qui représentent, à l’image du silence, ce qui est instantanément brisé par sa seule évocation.
Les Français et les médias ont d’ailleurs remercié Oldelaf depuis la sortie de “Le monde est beau”, puisqu’il est omniprésent sur Internet (VDM, Deezer, MusicMe, Dailymotion), dans les émissions télévisées musicales (Chabada, Vivement dimanche, Taratata, Acoustic) ou non (Faites entrer l’invité, Vivement Dimanche et Vivement Dimanche Prochainde Michel Drucker) et à la radio (RTL, France Bleu, Europe 1, France Inter, Ouï FM), et a publié quatre nouvelles versions participatives de son hit “La Tristitude”, nommées “La Tristitude des Internautes” sur Internet. Son humour enfantin côtoie l’hémoglobine et le débordement d’égouts sans jamais vraiment former un mélange homogène, puisque la diversité dissonante dont est capable Oldelaf constitue sa réelle force persuasive.