Musique
Inrocks Lab Party juin : entre New Jersey rural et Province hype

Inrocks Lab Party juin : entre New Jersey rural et Province hype

07 July 2011 | PAR Morgane Giuliani

Depuis février dernier, les Inrocks Lab Party, en partenariat avec la marque Levis, remplace le mythique concours CQFD. Chaque mois, des groupes venus de part et d’autre de l’Hexagone tentent leur chance. Au bout, deux d’entre eux sont gardés, un par le public et l’autre par le jury, pour ensuite jouer un concert gratuit à la Flèche d’Or, petite gare reconvertie en salle de concert dans le 20ème arrondissement de Paris, en soutien d’une tête d’affiche. Retour sur le cru du mois de juin, particulièrement excellent avec les fougueux 21YO, les matheux YAA et les merveilleux Memory Tapes.

Excellente initiative que cet Inrocks Lac Party ouvert gratuitement au public, permettant d’ouvrir la nouveauté musicale à tous et de mettre sous les sunlights des spotlights des groupes plus talentueux les uns que les autres. Les finalistes du mois de juin ne manquèrent pas à la règle, enflammant une Flèche d’Or au départ un peu timide.

21h. 21YO (prononcez “Twenty-One Years Old”, sûrement en référence à l’âge légal d’entrée dans l’âge adulte aux Etats-Unis) entre en scène. Une joyeuse petite troupe -5 au total, dont un nouveau guitariste-, s’affichant en slims tout en couleurs peps rendant les spots obsolètes. Mais surtout, le groupe, prenant rapidement confiance, s’approprie les lieux, captant l’attention par une énergie sautillante qui fait du bien aux esgourdes. Avec un set de 8 titres, il nous offre une pop aux multiples influences, entre l’afro-pop dansante de Vampire Weekend sur les excellentes “She’s Got To Be Back Home” et “Absence”, et l’électro-pop sauce Phoenix sur “Torn” et la plus calme “Stranger”, où Hugo accompagne un peu le batteur. Ce qu’il ne manque de faire remarquer avec une pointe d’humour, dont il ponctue allégrement le set.  On retient aussi la fantastique “ESL”‘, qui leur a fait remporter le concours, clôturant leur prestation dans un cocktail explosif mêlant synthé 80ies, solo de guitare acéré et phrasé perché. Le public se retrouve collé à la scène sans s’en rendre compte et moi-même j’ai progressé de plusieurs mètres au rythme des titres. 21YO, un véritable aimant pop forcément prometteur. N’hésitez donc pas à faire un tour sur leur Myspace.

Le groupe disparaît et le ballet des techniciens reprend, la foule se clairsemant pour filer au bar ou s’en griller une sur la terrasse de la Flèche, dans la moiteur du soir. Quelques instants plus tard, les trois jouvenceaux de YAA (pour Yelling Atlanta Animals), sélectionnés par le jury, font leur apparition. Dans le public déjà compact, on sent l’impatience bouillonnante, exacerbée par le set trépidant asséné par le groupe. Ils ne sont que trois sur scène et pourtant, ils délivrent un son puissant, travaillé, voyageant entre la pop aérienne de Radiohead et les équations rythmiques de Foals, un soupçon de Bloc Party complétant le tout. Le groupe joue sans pitié avec nos nerfs, alternant au sein de ses chansons moments calmes et explosions euphoriques, comme sur “Terror Waves”, dont la batterie galopante dialogue avec le synthé New Wave. Avec “Marathon” et “Riverkrøsser”, on est assommé par un rock noisy, hypnotique grâce au recours fréquent aux pédales, et lumineux par leur chorus enthousiastes. La salle pogote avec légèreté et claque des mains sur les dansantes “Above Our Heads” et “Everything Flows”, et chante en choeur sur l’excellente “Atlanta Hoax”, laissant nos cerveaux ébouillantés en guise de fin. Mais ce n’est qu’un au revoir, et on s’attend à entendre parler de YAA sous peu.

Enfin, la tête d’affiche vient mettre un terme à ce rendez-vous rock incontournable. Memory Tapes, faux-groupe reposant sur Dayve Hawk, ancien de Hails, apporte son rock alternatif aux accents chillwave à la petite salle comble. A l’énergie débordante des deux précédents groupes, il oppose une présence scénique plus calme et habitée, s’attelant à des morceaux soignés, longs, ne manquant pas de nous faire frôler la transe à plusieurs reprises. Le groupe, qui vient de sortir son deuxième album, “Piano Player”, délivre une musique rappelant les grands espaces, façon Band of Horses pour la voix lointaine et la rêverie habitée sur “Today Is Our Life” et “Yes I Know” et Kings of Leon pour le côté blues rock assuré à grand renfort de basse jazzy et de longs ponts gratteux déchirants dans leur mélancolie acide. Originaire du New Jersey rural, c’est un rock proprement américain qui nous est délivré, soulevant des nuages de poussière vers un soleil brûlant, aveuglant, alors que synthé et beats électro, nouveauté, parviennent à donner un côté “dance” réussi comme sur “Wait In The Dark” et la culte “Bicycle”. Tout en langueur, Memory Tapes nous enveloppe d’une atmosphère paisible et hypnotique, mais toujours électrique.

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Morgane Giuliani

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