Electro
Vanille : «  Rassembler tous les genres musicaux qui me plaisent »

Vanille : «  Rassembler tous les genres musicaux qui me plaisent »

20 December 2022 | PAR Rodolphe Pete

Venue pour la première fois, comme artiste et spectatrice, la dj française Vanille a fait sensation dans le hall 9, la plus grande salle, lors de la soirée du samedi des Transmusicales à Rennes. Un set très dynamique et éclectique, comme elle aime à se définir. Entretien en amont d’un passage très remarqué le 10 décembre.

Quelle image aviez-vous des Transmusicales ?

« Pour moi, c’était le lieu de découverte de nouveaux artistes. Je suis très contente de jouer pour la première fois ici »

Comment s’est faite la connexion avec le festival ?

« J’ai fait Nuits Sonores en mai cette année en ouverture de la soirée d’Honey Dijon, je n’avais jamais fait encore de grosse scène, ça avait été filmé par Arte concert. J’imagine que c’est suite à ce live stream qui avait bien marché, avec une belle exposition. Honey Dijon, c’est elle qui m’a un peu découverte, je suis un peu sa poulaine ! Du coup, elle m’avait mis en première partie, avant Floorplan (Robert Hood et sa fille Lyric). C’était ouffissimme ! »

Vous mixez depuis combien de temps ?

« Cela fait cinq ans maintenant. J’ai commencé à mixer en fait quand j’étais toute petite, quand j’avais 7 ou 8 ans. Mon papa est fan de funk, de disco, de musiques électroniques, il m’a appris à jouer des platines. J’avais un peu laissé ça de côté. J’ai fait plus de la mode après. Par hasard, il y a cinq ou six ans, j’étais à Londres et une amie m’a dit : ‘‘Vanille, tu as des super bons goûts musicaux, pourquoi tu n’essaierais pas de mixer ?’’ Je me suis mise aux platines et j’ai commencé à faire mes petits mixes »

Qu’est-ce qui vous plaît dans le mix ?

«  Créer une histoire. J’ai des goûts très particuliers, ça peut passer du reggae la house, de la dark techno à la psy trance. Ce qui me plaît, c’est de rassembler tous ces genres musicaux et en faire un beau chemin pour pouvoir s’éclater. Dans tous les mixes que je fais, il y a toujours au moins trois ou quatre styles différents et ça part d’un BPM qui est assez élevé : je commence en général à 130-140, rarement moins, et je peux monter jusqu’à 170-180. Comme je suis très impatiente, j’ai besoin d’être stimulée et de changer de vibe au bout de quinze minutes, descendre, remonter, changer d’univers. C’est ce que j’aime aussi, quand je vais en club et en festival, ce sont les artistes qui arrivent à transporter avec des sonorités différentes »

Il n’y a donc pas de volonté de se définir ?

«  J’ai du mal à me définir, c’est mon plus gros problème (rire). Mon style, c’est avant tout groovy, les mélodies qui font bouger mais ça reste très électronique. Ça peut partir de la house classique plutôt vocale avec une bonne bassline jusqu’à la psy trance. Du coup, je n’ai pas de genre de prédilection, mais en tout cas c’est rapide, qui tabasse bien et fait groover »

La découverte des musiques électroniques, elle a eu lieu aussi en soirée ?

« J’écoutais à même pas 10 ans Moby ou Carl Cox dans le salon, je kiffais trop, et beaucoup aussi en voiture en allant à l’école, on mettait tout le temps FG radio. Et ensuite en allant en teuf, en rave party quand j’avais 17 ans. C’est là que j’ai aimé la musique plus hard style »

Quels sont les artistes qui vous ont inspirée ?

« Ma super star en dj, c’est Jeff Mills. Quand je l’ai vu, mon but c’était aussi de mixer sur trois platines vinyles, ce qui n’est pas encore le cas. Honey Dijon m’a beaucoup inspiré pour le côté house. En techno, chez les femmes, Nina Kraviz et Anetha. D’autres artistes aussi comme Hilight Tribe. Carl Cox, j’aimais regarder ses vidéos, c’est une bonne référence même si ce n’est pas la musique que je joue. J’ai aussi été fan à un moment donné de la musique de Paul Kalkbrenner, Peggy Gou m’a aussi inspiré et Laurent Garnier, dont je suis super fan. Feeling Good, c’est dans mon top 3 des sons électroniques préférés, qui me fait sentir mélancolique et joyeuse à la fois. J’aime bien cette jonction entre la tristesse et la joie »

Comme Laurent Garnier, vous aimez jouer de longs sets ?

«  Les grands sets, ça permet de transporter les gens sur un plus long voyage. Une heure, c’est un peu compliqué, c’est pour ça que si c’est un petit set, j’ai tendance à changer de vibe beaucoup plus rapidement alors qu’avec quatre ou cinq heures, je peux prendre plus mon temps. J’ai découvert ça cet été, je n’avais jamais fait de longs sets. J’ai fait un closing à Bordeaux de trois heures et j’ai vraiment pu m’amuser. C’est mon deuxième set préféré ! J’ai pu passer du rap, de la trance, de la ghetto tek et les gens ont kiffé »

Les réactions du public ont-elles une influence sur votre set ?

« Un petit peu. Je prépare toujours mon set de façon méthodique. Je le découpe en trois ou quatre parties. Si je sens qu’un son ne prend pas, je vais le couper plus rapidement mais je ne vais pas forcément changer de style ou m’adapter. J’ai envie déjà de faire ce qui me plaît. Je préfère quand il y a une proximité avec les gens et j’ai de bonnes expériences en clubs comme en festival »

S’il y a toujours eu des femmes dj, comme les pionnières Ellen Allien, il y a une nouvelle génération dans ce milieu qui reste très masculin…

«  Oui, on le voit de plus en plus mais il y a encore beaucoup de travail à faire, surtout pour les femmes de couleur dans la techno. Je n’ai pas beaucoup d’icônes qui ne sont pas blanches dans le genre musical que je fais. Je pense que ça monte et qu’on commence à se faire entendre. J’ai aussi le projet de lancer prochainement une soirée à Paris avec des femmes qui me ressemblent. Dans un club avec un bon sound system, des bons retours, miser sur le line-up, avec des personnes non binaires, queer, mettre en avant des artistes que je trouve incroyables, avec un concept un peu ludique comme de gagner un verre en reconnaissant un morceau joué, tout en attachant de l’importance aux visuels, qui mixent la musique et la mode. Je me bats aussi pour que les gens se rendent comptent qu’il y a du travail derrière et que ce ne sont pas que les réseaux. En tant que femme, on m’a souvent dit ‘‘tu es bookée parce que tu es une femme, parce que tu es jolie’’.. J’aimerais bien qu’on arrêter de blâmer des djs parce qu’elles sont très jolies. »

L’aspect safe développé dans les soirées, en clubs et festivals, désormais, c’est important pour vous ?

«  Oui, c’est primordial pour moi car en plus d’être une femme racisée, je suis aussi lesbienne. J’ai l’impression que parfois ce terme est utilisé au tout venant alors que ce qui se dit safe, open minded ou queer ne l’est pas forcément. Du coup, j’ai parfois du mal à me sentir safe dans des endroits qui se disent safe place. Ça me tient donc à cœur et quand je joue, j’essaie de demander quels sont les autres artistes et de faire mes recherches pour jouer dans des endroits où les gens se sentent bien. »

La production, c’est quelque chose qui vous tente ?

« J’ai commencé à produire quand j’ai débuté le mix, j’ai voulu tout faire en même temps. Je suis en train de finir mon premier son, il va sortir dans quelques semaines. C’est quelque chose que j’aime bien mais c’est moins instinctif que le mix. Je me donne à fond mais la production, c’est assez compliqué, tu es seule devant ton ordinateur. Ça va venir mais je prends beaucoup mon temps pour faire de belles choses et ne pas me brusquer. Je travaille seule, j’ai envie d’apprendre le logiciel, mes machines, finir un premier son puis un deuxième et ensuite peut-être commencer à collaborer. »

Et jouer en back to back aux platines ?

«  J’en ai pas fait beaucoup, mais ça plairait. Une fois à la Fashion Week, un mec a amené sa clé USB et nos énergies ont très bien fonctionné. »

Rodolphe Peté

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