Musique

Eiffel : chronique de A tout moment

10 November 2009 | PAR Mikaël Faujour

Cinq ans après leur dernier album, Eiffel sortait en octobre un album rock d’excellente tenue, l’excellent A tout moment.

La bande à Romain Humeau est surtout connue pour son mini-hit rock « Au Néant », extrait du Quart d’heure des ahuris (2004). Groupe bordelais tout comme Noir Désir, Eiffel partage des affinités avec le groupe de Cantat et Teyssot-Gay, auquel il est parfois comparé – abusivement. Le rapprochement n’est cependant pas sans fondement, puisque Romain Humeau, par ailleurs arrangeur & producteur recherché, a collaboré au dernier album de Noir Dez’ (Des Visages Des Figures, 2001), en tant qu’arrangeur. Avec Estelle Humeau, il a également enregistré les deux titres qui, en 2008, signalaient le retour de Bertrand Cantat (« Le temps des cerises » et « Gagnants/Perdants », proposés en téléchargement libre).

Mais surtout, surtout, son groupe montre un goût commun pour un rock acéré, culbutant et des paroles à la poésie âpre et ciselée. Et À tout moment, paru début octobre chez Pias, vient rappeler – si besoin était – combien ce groupe est précieux à la scène rock française. Recueil de 12 compositions de rock exalté et nerveux, sachant faire la part belle à la tendresse, au rêve, à la révolte, à la ferveur, cet album est une des meilleures preuves de la bonne santé d’un rock français riche, mais trop peu audible.


Eiffel donne dans un rock électrique direct et tendu, non dénué cependant de finesse dans les arrangements, soutenant la déclamation fière puis lyrique d’un Romain Humeau parolier empruntant en solo le sentier du duo Fauque/Bashung (écoutez un peu les jeux de mots malicieux de « Je m’obstine »).

Ce nouvel album d’Eiffel, s’il s’essouffle par instants, a tout ce qui mérite l’attention : l’élan poétique et la colère politique, l’espoir et la rage fière et adulte, l’intelligence, l’inventivité. Et l’on sent que le groupe sait très bien ce qu’il veut, où il va, ce qu’il dit, et qu’il ne s’égare pas. Et même s’il s’essouffle – un peu – à mi chemin, il vaut toute l’attention pour des morceaux comme « Minouche », le single en façon d’hymne « À tout moment la rue » (avec Cantat aux choeurs), « Le Cœur Australie » (qui vaut bien le « 1, 2, 3 1000 Vietnam » de Giorgio Canali ft. Cantat), « Nous sommes du hasard » ou encore « Mille voix rauques ».

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Mikaël Faujour
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