Musique

Amoveo-Répliques-Genus : un ballet architectural à l’Opéra Garnier

10 November 2009 | PAR Amelie Blaustein Niddam

L’opéra Garnier propose jusqu’au 22 novembre un ballet de danse contemporaine sous forme d’un triptyque au nom volontairement mystérieux : « Amoveo-Répliques-Genus ». Les trois chorégraphes, Benjamin Millepied, Nicolas Paul et Wayne McGregor, tous trois nés dans les années 70, partagent le même souci d’énergie et de mouvement. La boite à sortie à eu l’honneur d’être invité à cette première triomphale.

Le premier à ouvrir la danse est le chorégraphe et soliste au New York City Ballet, Benjamin Millepied. « Amoveo » est en soit déjà un triptyque : le décor de Paul cox, lignes graphiques aux couleurs changeantes résonne avec la structure rigoureuse de l’opéra de Philip Glass et les costumes bicolores et très souples des danseurs. Les lignes sont l’exacte résonnance du propos chorégraphique. En latin, « moveo » signifie « mettre en mouvement », « émouvoir » « faire naitre ». Et c’est par les lignes que la mise en mouvement donne naissance aux jeux amoureux, nous racontant l’histoire d’une rencontre dansée par les étoiles Aurélie Dupont et Nicolas le Riche, d’abord englobés dans la ligne pour enfin s’en extraire dans une parfaite « Blue Note ».

Bref changement de décor après un triomphe d’applaudissements. La couleur a laissé place au noir pour « Réplique » du benjamin des trois, Nicolas Paul, 31 ans qui signe sa première chorégraphie pour la Maison. Univers sombre, un rocher lisse est posé au sol, la lumière est basse, les danseurs en beige  volontairement identiques. Nicolas Paul base sa profonde et sensible chorégraphie sur un jeu de miroirs symbolisé par le décor de l’architecte Paul Andreu qui permet de tracer des lignes entre les danseurs et les panneaux dans une mise en abyme d’une beauté dans faille. Second triomphe fort mérité pour ce chorégraphe qui imprime un sens nouveau dans la danse contemporaine.

Pause, changement de décor pour le très attendu Wayne Mac Gregor, sans doute le plus connu du public qui avait été applaudi au Palais de Chaillot pour le très beau « Entity ». Il revient à Garnier avec « Genus ». On retrouve pour notre plus grand plaisir ce qui fait la caractéristique de Wayne Mac Gregor : le show !

30 danseurs à un rythme effréné, des vidéos chorégraphiées de bocaux de serpents et autres curiosités, et un mélange des genres musicaux dont il pousse pour notre plus grande joie les limites en associant des thèmes classiques de Marin Marais et la musique électronique (Aeon), Henri Purcell et Marilyn Manson (Polar Sequences, 2003) .

Genus trouve sa source dans la révolution darwinienne, dont Wayne McGregor retient essentiellement deux idées : d’une part, la radicale nouveauté de son approche du corps humain et, d’autre part, l’actualité de ses théories et la diversité de leurs applications dans le monde contemporain affirmant En tant que chorégraphe, on recherche tout le temps de nouvelles manières pour le corps de s’exprimer, de se comporter. Avec les nouvelles technologies, le corps peut passer outre les barrières du temps et de l’espace. »

Genus est un spectacle..de « génie » qui provoque l’apnée du public saisit par l’alliance de la technique et de la technologie, tant dans la scénographie que dans la chorégraphie. On retiendra évidement ce pas de deux époustouflant sur un plan incliné dans une boite lumineuse

L’ensemble donne à voir un spectacle parfait permettant de faire connaissance avec la « next génération » de la danse contemporaine. Une soirée exceptionnelle donc, sous le signe d’une unité dans les lignes graphiques de très haute qualité.

Pour voir la vidéo de présentation, cliquez ici.

« Amoveo-Répliques-Genus », Palais Garnier, pl. de l’Opera, 75002 Paris, 08 92 89 90 90 , jusqu’au 22 novembre, du mardi au vendredi à 19H30, le samedi à 14H30, à 19H30 et à 20H, le dimanche à 14H30, de 6 à 67 euros

Eiffel : chronique de A tout moment
Quand le cinéma devient une affaire de femmes …
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration