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Premier concert en duo Anatasia Kobekina et Thibaut Garcia au Festival de la Vézère

Premier concert en duo Anatasia Kobekina et Thibaut Garcia au Festival de la Vézère

23 August 2019 | PAR Victoria Okada

Deux jeunes talents à l’aube de leur carrière, la violoncelliste Anastasia Kobekina et le guitariste Thibaut Garcia ont donné leur premier concert en duo au Festival de la Vézère, le 20 août, à la Collégiale de Turenne (Corrèze). Un programme rassemblant des airs connus (mais pas que) de couleurs espagnole et sud-américaine qui a conquis le public.

Bien qu’encore jeunes (nés tous les deux en 1994), ils ont déjà des expériences de grandes salles internationales. Parmi de nombreuses récompenses et reconnaissances, les prix prestigieux qu’ils ont remportés récemment (3e prix au Concours Tchaïkovsky en juin dernier pour Anastasia Kobekina et la Révélation soliste instrumental aux Victoires de la musique classique en février dernier pour Thibaut Garcia) les propulse encore davantage au-devant de la scène.

Anastasia Kobekina à l’épreuve finale du Concours Tchaïkovsky 2019


Thibaut Garcia aux Victoires de la Musique classique 2019

Le Festival de la Vézère a eu une très bonne idée de les inviter ensemble. Pour ce premier concert en duo, ils ont choisi un programme 100 % « latin » composé d’œuvres écrites aux XIXe et XXe siècles : Granados, Albeniz, Villa-Lobos, Piazzola, Cassadó, et enfin, de Falla.

Ce sont deux interprètes qui possèdent un sens aigu de la sonorité, grâce à des recherches de timbres débordants d’imagination. Le son obtenu, tantôt si naturel tantôt inattendu, semble refléter leur musicalité intuitive dénudée de tout intellectualisme savant. Ainsi, dans la 2e Danza Españolas « Oriental » de Granados, sur le thème de la « chanson » juste avant la partie médiane, Anastasia Kobekina produit une sonorité singulière, d’une aigreur douce qui renforce le sentiment de nostalgie. Lorsque Thibaut Garcia joue Asturias d’Albeniz (en réalité Prélude – Leyenda selon le titre et le sous-titre donnés par le compositeur), c’est l’élégance qui domine : il confère un accent différent sur les accords qui marquent chacun le début d’une séquence, au lieu de les attaquer indistinctement ; dans la troisième partie de la pièce, il reprend le thème dans un ppp, mais ce quasi-silence est paradoxalement très sonore…

© Olivier Soulie www.28mmphoto.net


La Collégiale Notre-Dame Saint Pantaléon de Turenne, construite au XVIIe siècle dans un style roman et situé dans un charmant village qui fut chef-lieu d’une vicomté, bénéficie d’une très bonne acoustique pour la musique de chambre, où les cordes résonnent avec netteté. Cela favorise davantage l’onctuosité du violoncelle mise en avant pour le thème joué dans la tessiture aiguë de la mélodie de la 5e Bachiana Brasileiras.

Dans ce programme constitué de mélodies que chacun a déjà entendues quelque part sans qu’il les connaisse forcément, voici une incursion avec l’univers virtuose de Gaspar Cassadó, la redoutable Suite pour violoncelle seul. La jeune musicienne brille irrésistiblement, notamment par son aisance quant aux positions surnaturelles dans Sardana ; elle est fière et majestueuse dans la Jota (danse finale), comme elle l’est d’être joueuse de son instrument !

Tout au long du concert, Thibaut Garcia prend la parole pour commenter très brièvement les pièces jouées, une initiative bienvenue qui crée une proximité avec le public aidant ainsi les auditeurs à s’approprier du répertoire. La violoncelliste et le guitariste terminent avec 7 Canciones de Falla, extraits de La vida Breve. Plusieurs facettes de sentiments humains sont exprimées à travers des sept morceaux qui évoquent différentes régions d’Espagne, interprétés tour à tour avec fougue, mélancolie, tendresse, passion, ou encore exaltation. Ici aussi, dans toutes les expressions, on ressent une grande élégance et des subtilités dans leur manière d’aborder telles ou telles notes et phrases. Les regards et les sourires que les deux musiciens échangent montrent que le courant a passé entre eux et que l’entente est heureuse, ce qui transparaît dans leur interprétation. Cela enchante le public qui salut debout avec des applaudissements nourris.

Visuels : Olivier Soulié – www.28mmphoto.net

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