Chanson
Charlotte Reinhardt profonde et intime dans “Colors”, son nouvel album

Charlotte Reinhardt profonde et intime dans “Colors”, son nouvel album

14 April 2023 | PAR Kevin Sonsa-Kini

Petite nièce du guitariste de jazz, Django Reinhardt, Charlotte Reinhardt compte bien aussi se faire un nom cette fois dans le piano. La pianiste nous présente la version Deluxe de son nouvel album ColorsColors, ce sont 16 pièces courtes, mystérieuses, lyriques, contemplatives, issues d’improvisations autour du piano et conçues tels des voyages intimes, des introspections, des poèmes, des musiques pour films imaginaires. Charlotte Reinhardt sera en concert au Café de la Danse à Paris le 10 mai prochain. 

Toute la culture : Avant d’évoquer votre nouvel album, revenons-en à votre passion pour le piano. Comment est-elle née ? 

Charlotte Reinhardt : Elle vient de ma mère qui était pianiste. Quand j’étais petite, je m’endormais avec le son du piano dans mes oreilles. C’est tout naturellement que je me suis tournée vers le piano. On ne m’a pas forcée. Je suis née dans la marmite (Rires). 

Il paraît que c’est grâce à un certain Laurent Voulzy que vous avez pu faire vos premières expériences sur scène 

En fait, j’ai eu une carrière de pianiste classique. Je me suis ensuite désorientée en empruntant plusieurs chemins. Et par un total hasard, on m’a proposé d’accompagner les chanteurs de variétés. C’était un monde que je ne connaissais pas du tout. J’ai surtout évolué dans la musique classique et le jazz. On m’a demandé d’accompagner Laurent Voulzy et c’est parti comme ça. Ce n’était pas ma première expérience de scène, mais plutôt une autre expérience. J’accompagnais Laurent Voulzy au piano, je faisais les chœurs comme beaucoup de musiciens. Je faisais juste mon travail d’accompagnatrice. Je n’étais pas mise en avant. 

Et le piano, il en est question dans ce nouvel album Colors en version Deluxe. Comment est née l’idée de cet album ? 

C’est un album que j’ai conçu en deux temps. Il y a d’abord l’expérience d’une musique de film que j’ai composée. À la base, je devais jouer dans un film qui s’appelle L’Autre. Il y avait une petite audition et je n’avais pas le temps de travailler sur un morceau classique. À ce moment-là, j’étais prise par d’autres choses. Je suis donc allé à cette audition en jouant l’une de mes compositions. Et la réalisatrice, Charlotte Dauphin, a vraiment beaucoup aimé en disant que c’était exactement le style de musique qu’elle cherchait pour son film. Elle m’a imprimé un scénario. J’ai fait plusieurs essais et puis ça a été acté. Donc, j’ai fait la musique de film. C’était un film très introspectif. J’ai joué sur le tournage et beaucoup de personnes venaient me voir et me demandaient de qui était ce morceau. Personne ne savait que c’était moi qui l’avais écrit. Je me suis rendue compte qu’il y avait quelque chose qui passait quand je jouais ma musique en piano solo. Ça m’a donné grandement confiance parce que je composais toujours pour moi, pour mon simple plaisir. Puis, trois mois après, est venu le confinement. Comme beaucoup de gens, je me suis retrouvée confrontée à l’idée d’un projet solo. Au départ, je n’avais pas de projet. Je composais pour moi. Et puis, à un moment donné, je me suis dit qu’il avait quelque chose qui avait du sens pour moi. Je me suis aperçue que chacun de mes morceaux m’emmenaient dans des petits films imaginaires. Et le projet est né comme ça. 

C’est la raison du titre Colors

Tout à fait ! Pendant que j’accompagnais Laurent Voulzy en tournée, je composais. Un jour, dans un train, je faisais écouter mes compositions. Et le batteur de Laurent Voulzy lui a fait écouter mes compositions. Il était très étonné que ce ne soit pas moi qui chante mes propres chansons. J’ai effectivement fait un EP avec des chansons, mais c’était vraiment autre chose. Et là, avec Colors, c’est réellement moi et mon piano. Là, il se passe vraiment quelque-chose de très profond et très intime. 

Est-ce qu’à travers ces 12 chansons très intimes et mélodieuses, vous vouliez délivrer un message ? 

Non pas complètement. En fait, je ne me suis pas posé de questions. C’était très instinctif. J’ai composé de façon presque improvisée. Tout est parti d’une improvisation. Je n’ai pas pensé à un message particulier, c’est juste que je ne voulais pas qu’il y ait de format en fait. Je ne voulais pas qu’on sente que je joue quelque-chose de très écrit. 

Vous avez été influencée par des noms comme Ravel, Debussy, Jim Beard, Bill Evans ou encore Brad Mehldau. Cet album est-il une manière de leur rendre un bel hommage ? 

Exactement. Quand j’étais petite, on écoutait beaucoup de musiques à la maison. J’ai un beau-père qui est guitariste de jazz. Très tôt, vers l’âge de 12-13 ans, j’écoutais énormément de jazz. Et c’est vrai que j’étais tiraillée entre le conservatoire et la rigueur classique d’un côté et de l’autre, le jazz qui m’attirait énormément. Ravel, ça a été un gros choc quand j’étais petite. C’était vraiment une rencontre inconsciente (Rires). J’ai aussi été bercée par Bill Evans et Brad Mehldau que j’admire énormément et qui m’influencent beaucoup. 

Vous serez au Café de la Danse de Paris le 10 mai prochain. À quoi le public peut s’attendre pour ce concert ? 

Je serais accompagnée de Juliette Serrad au violoncelle. On a fait notre premier concert Colors à deux. Elle apporte beaucoup de couleur, de texture… J’aurai aussi un batteur, Franck Agulhon qui est un batteur de jazz absolument fabuleux. On sera trois. Il y aura aussi un travail visuel, car dans Colors, on se plonge tout de suite dans des images. Il y aura aussi des inédits, c’est une petite surprise ! 

Photos : © Sophie Caretta pour l’image en une, © Cristal Records pour la pochette de l’album. 

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Kevin Sonsa-Kini

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