Musique
Bruce Springsteen « Only the Strong Survive » : le boss ressuscite les grands standards de la soul et du rythm’n’blues !

Bruce Springsteen « Only the Strong Survive » : le boss ressuscite les grands standards de la soul et du rythm’n’blues !

02 December 2022 | PAR Jean-Christophe Mary

Après « We Shall Overcome : The Seeger Sessions » (2006), album où il rendait hommage l’œuvre gargantuesque du chanteur folk rock Pete Seeger, Bruce Springsteen s’attaque cette fois  au répertoire soul et R&B des 60’s et des 70’s. Un véritable élixir de jouvence.

Quand on y regarde de près, la soul et le R&B ont toujours fait parti de l’univers du Boss. Des bars du New Jersey qu’il écumait à la fin des 60’s aux stades de 80.000 personnes aujourd’hui, ces musiques ont infusé au fil du temps, dans la conception des chansons, l’enregistrement des albums avec le E.Street Band et bien entendu dans la façon de chanter, de placer la voix. L’hommage rendu à cette soul music n’est qu’un juste de retour des choses. En revanche, ce qui est plus surprenant, ce sont les 15 chansons retenues. A l’exception de trois standards, aucune de ces chansons ne sont vraiment connues du grand public. Pour la conception de ce projet exit le E. Street Band. Bruce Springsteen et son fidèle producteur Ron Aniello (depuis l’album Wrecking Ball en 2012 ! ) ont travaillé à quatre mains pour recréer l’âme et le son de la Motown et de Stax, les mythiques labels soul et R&B des 60’s et des 70’s. Ron Aniello joue ici de tous les instruments, tous exceptés les cordes et les cuivres. Et le résultat est réjouissant. Crée par Jerry Butler « Only the Strong Survive » (1968) raconte l’histoire d’un jeune homme au cœur brisé, consolé par sa mère. Si on se replonge dans le contexte de l’époque, ce texte émouvant s’adresse à la jeune population noire qui lutte pour ses droits civiques. Entre les classiques « Don’t play that song for me » (1961) crée par Ben E king “repris des dizaines de fois (Aretha Franklin, Adriano Celentano..), « Turn Back the Hands of Time” (1970) de Tyrone Davis, on redécouvre “Nightshift” (1985), petit bijou des Commodores qui rend hommage aux grands noms de la soul, les Marvin Gaye et Jackie Wilson. Aux côtés du « When She Was My Girl » des Four Tops (1981), on retiendra cette très belle relecture du« The Sun Ain’t Gonna Shine Anymore » initialement chanté par Frankie Valli (1965) puis propulsé dans les charts US l’année suivante par les Walker Brothers. A travers des titres comme « What Becomes of the Brokenhearted” ou le “Someday We’ll Be Together” des Supremes (1961) titre doo-wop magnifiquement réorchestré, on retrouve dans cet album les thèmes cher à Springsteen, les grosses voitures américaines, les routes secondaires, les nuits d’été, les amours perdus. Grand fan de Sam and Dave dont il reprend régulièrement sur scène le tonitruant « Soul Man » , Bruce Springsteen a convié  Sam Moore sur 2 titres : « Soul Days » de Dobie Gray (2000 ) et le déchirant « I Forgot to Be Your Lover » (1970) signé William Bell. Coup de cœur pour « I Wish It Would Rain » (1967) des Temptations où Springsteen montre toute l’étendue de sa voix. Ces titres sont euphoriques, galvanisants, et vous redonnent du baume  au cœur (et on en a bien besoin en ce moment !), à l’image du « Do I Love You (Indeed I Do ») chanté à l’origine Frank Wilson (1965). “Only the Strong Survive”est une vraie réussite, un album aux couleurs sépias qui raisonne déjà aux airs de classic album. A noter que Bruce Springsteen & The E Street Band seront sur la scène de lParis La Défense Arena, le samedi 13 mai et le lundi 15 mai 2023. 

Mavra et Iolanta par la troupe de l’Opéra Studio à Munich … ou quand Stravinsky rencontre Tchaikovsky dans un mélange de genres qui peut faire sens
Combats, un spectacle itinérant d’Adrien Béal et Nicolas Doutey
Jean-Christophe Mary

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration