Musique
Avec l’émouvant “Omijè”, Violaine Lochu, Folly Romain Azaman et Oluwatusin Oyee ont emporté la salle de la Dynamo de Pantin !

Avec l’émouvant “Omijè”, Violaine Lochu, Folly Romain Azaman et Oluwatusin Oyee ont emporté la salle de la Dynamo de Pantin !

13 February 2023 | PAR Chloé Coppalle

Ce 8 février, la salle de la Dynamo, à Pantin, a été marquée par l’émouvant spectacle consacré au chant de lamentation et à la figure de la pleureuse : Omijè. Réalisé par la performeuse Violaine Lochu, le percussionniste Folly Romain Azaman et le bassiste Oluwatosin Oyee, le trio a réussi à nous emmener dans l’univers des larmes avec une œuvre intense.

Omijè : un questionnement sur l’iconographie du pleur.

Omijè est un mot Yoruba qui signifie larmes. Souhaitant collaborer, les trois artistes se sont réunis autour d’un intérêt commun pour la culture funéraire. Omijè ouvre sur une atmosphère évoquant une forêt, la nuit. Grisonnant, il dessine le hurlement des loups, les bruits froids d’objets métalliques, l’accordéon de Violaine Lochu pour les sonorités découpées, le son de l’orgue joué à la guitare pour le funèbre. On se croirait dans les forêts bleutées des films de Tim Burton.

Sur cette ambiance se posent les voix de Folly Romain Azaman et Violaine Lochu, qui y vont parfaitement bien ensemble. La performeuse est connue pour son travail sur le son. Ici, la théâtralisation de son visage et de ses bruits augmentent la palette d’expression de la scène.

Rapidement, on se laisse porter par la poésie mélodique du spectacle. Le duo classique du tamtam de Folly et de l’accordéon de Violaine marche profondément bien avec les sonorités électriques de Oluwatosin Oyee. Les rythmes lents de la guitare apportent à la mélodie une mélancolie douce dès le premier tableau. Le guitariste ne joue pas de l’instrument, mais avec l’instrument pour nous emmener dans les expérimentations sonores qui sont le fruit de son travail.

La pleureuse : une figure qui pleure de manière… bien visible !

En effet, Oluwatosin Oyee a un répertoire Yoruba, rock parfois, mais aussi expérimental. Cet aspect se dessine quand il explore sur scène les sonorités de la guitare pouvant convenir à l’atmosphère du pleur. Posée sur ses genoux, la cage thoracique de l’instrument est frappée comme une percussion, pendant que les cordes sont travaillées dans toute leur longueur. Jusqu’où l’instrument serait-il prêt à pleurer ? Dans la profession des pleureuses, la place du corps est en effet centrale. Leur attitude était connue pour être excessive, se roulant par terre, pleurant à chauds sanglots, se frappant la poitrine… En réponse à Oluwatosin Oyee, Folly Romain Azaman et Violaine Lochu abordent cette mise en scène du chagrin à travers ces attitudes ostentatoires. La scène en devient presque comique. On se moque de cette théâtralisation exagérée et on imagine une pleureuse mécanique, dont c’est décidément bien le métier, et qui finirait même par en avoir marre.

Omijè est un très beau spectacle à trois voix. Pendant quarante-cinq minutes, on y parcourt la pleureuse de Tim Burton, la pleureuse tragique, celle qui en a marre de la mort, ou celle dont les larmes voyagent au sein de mélodies dans lesquelles on est emporté. À suivre !

Visuel © Inda Etou

Mercredi 8 février 2023, La Dynamo, Pantin
Durée : 45 min

Oluwatusin Oyee : basse électrique
Folly Romain Azaman voix & percussions
Violaine Lochu : voix, accordéon & objets

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Chloé Coppalle

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