
« Veracruz » : le beau roman d’Olivier Rolin
Suite aux attentats de novembre 2015, Olivier Rolin s’est élevé contre le djihadisme dans une chronique pour Le Monde des Livres. En ce début 2016, nous le retrouvons sur ses terres littéraires, avec la parution de son dernier roman, Veracruz, aux éditions Verdier.
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Homme engagé, bourlingueur, navigateur, Olivier Rolin est un romancier en mouvement, les semelles au vent. Dès la première scène de Veracruz, le narrateur attend son lecteur accoudé dans un bar paumé de la ville, dont le nom résonne comme une oxymore – El Ideal.
Dans une ambiance cinématographique et poisseuse à souhait, sous une pluie battante -, on imagine la morgue d’un Humphrey Bogart engoncé dans son éternel trench coat -, le narrateur attend celle qui ne viendra plus. Cette rupture unilatérale sera le cadre d’un second récit dramatique, redéployé à trois reprises par chacun des protagonistes, hommes et femme, d’une crudité immémoriale.
Dans une écriture efficace et nostalgique à la fois, ponctuée de mots d’espagnol, Olivier Rolin semble chercher à expier à une noirceur insondable qu’il faudrait à tout prix décrire et cerner pour retrouver la lumière. Alors que la conclusion approche, un paragraphe retient notre attention, comme un aveu d’impuissance de la littérature face à la puissance vitale :
“La phrase ne surgit que lorsque déjà l’intensité est passée, sous l’empire complet de quoi il faut être. Et l’intensité ne connaît que des instants, des coups de foudre. Ce que nous appelons le monde n’existe que comme une fable. Il m’a fallu longtemps, des années après avoir dû quitter le Mexique, pour apercevoir ces choses simples. Et ainsi la paix est venue.” p. 115
Mais le narrateur n’a pas encore dit son dernier mot.
Olivier Rolin, Veracruz, Editions Verdier, 128 p., 13 euros. Sortie le 7 janvier 2016.
Visuel : © Bingqing Xue