Candy & cigarettes, un manga poivre et sucre
Après sa série Coppelion, Tomonori Inoue revient avec son nouveau manga Candy & Cigarettes, son hommage aux pulp magazines. Une histoire entre action et burlesque.
Après une carrière de garde du corps dans la police, Raizo Hiraga peine à joindre les deux bouts avec sa retraite. L’annonce de la maladie incurable de son petit-fils le pousse à quitter les petits boulots ingrats pour accepter un poste très bien payé mais à la description aussi succincte que douteuse. Et pour cause : il doit nettoyer les traces du passage d’une tueuse à gages qui agit pour le compte d’une mystérieuse société. Mais cette tueuse n’est pas n’importe qui : Miharu est également une écolière orpheline de onze ans.
Ce premier tome, qui met en place tous les éléments de l’histoire, repose principalement sur ce duo improbable qui n’est pas sans rappeler Léon de Luc Besson. Ces deux personnages que tout oppose créent malgré tout un lien affectif de l’ordre de ceux qui lient grands-parents et petits-enfants.
Les personnalités de Raizo et Miharu ont de multiples facettes. Miharu alterne entre préoccupations d’écolière comme ses devoirs et le dernier groupe pop à la mode et l’assassinat de sang-froid d’hommes corrompus. Raizo, quant à lui, se voit forcé à abandonner toutes les valeurs qui avaient constitué le cœur de son métier et passe de grand-père attentionné à agent surentraîné. Aucun des deux ne correspond entièrement à ce qu’il semble être. Pour soutenir ces deux personnalités, on peut compter sur une galerie de personnages plus entiers, comme Kinume, l’agent impassible à la limite du robot, ou un ennemi archétype du grand méchant.
Le dessin de Tomonori Inoue se compose d’une base classique que l’on trouve généralement dans les seinen, un dessin détaillé qui vise vers le réalisme, associé à des éléments plus caricaturaux tels que des expressions, des positions ou des visages qui font penser à Tezuka. Cette association entre burlesque et réalisme fonctionne comme le procédé mis en place pour les caractères des différents personnages et fait osciller l’histoire entre drame, action et comique, sans jamais trébucher. Ce dispositif évoque celui de Nicky Larson, autre grande référence.
Candy & cigarettes, dont le titre résume les multiples dichotomies contenues dans le récit, est un manga certes classique, mais avec quelques retournements et jeux avec les codes qui donnent envie de prolonger cette lecture agréable moins évidente qu’il n’y parait.
Candy & cigarettes T1 de Tomonori Inoue
Casterman, collection Sakka
Visuels © Casterman