L’édition, les livres et les Français (ou le peu d’influence des prix littéraires pour les lecteurs !)
Le Salon du Livre ferme ses portes ce soir et l’on parle de 40 000 à 50 000 visiteurs de plus que l’an dernier. 20 000 livres concernant plus ou moins directement le Mexique ont été vendus, ce qui, selon Le Figaro est un symptôme de la bonne santé du marché du livre à l’heure où d’autres crisent.
En effet, le chiffre d’affaires de l’édition était en très légère baisse en 2008 par rapport à l’année précédente (moins de 0,5%) alors que les cd et les dvd font pâles figures. Plusieurs explications sont amenées pour expliquer ce décalage. Selon le patron du Syndicat national de l’édition, le papier serait en ces temps moroses une valeur refuge. Les livres semblent résister à l’écran, l’ont attesté les successifs échecs des e-books. L’ouvrage doit être palpable, même à l’achat. Selon une étude GfK, l’achat en ligne de livres ne représente que 6% de la vente des livres. Par ailleurs, ainsi que le précise le Figaro, le marché du livre est, à l’inverse du marché du disque, très diversifié. Les 20 livres les plus vendus se taillent… 5% du marché (chiffre SNJ) quand les 100 meilleures ventes de cd représentent 50% du chiffre d’affaires. En 2008, il y avait, d’après Le Livre Hebdo, 63 600 nouveautés (contre 39300 en 2000).
Les livres qui se portent mieux actuellement ne sont pas forcément les ouvrages « pratiques », dictionnaires, livres de sciences humaines ou guides touristiques, qui, pour le coup, sont très concurrencés par le net (la vente de tels ouvrages a baissé l’an dernier), mais la littérature, romans ou bd. Plus que les nouveautés, ce sont les « fonds » des libraires (les ouvrages sortis avant 2008) qui ont eu du succès cette année : la série Millénium, de Stieg Larsson (Actes Sud), ou la saga Fascination, de Stéphanie Meyer (Hachette).
Ces chiffres peuvent être mis en relation avec d’autres plus moroses, ceux de la lecture des Français. D’après un sondage TNS Sofrès publié jeudi dernier dans La Croix, 64% des Français lisent moins de 5 livres par an. 30% ne lisent aucun livre et seulement 9% des personnes interrogées liraient au moins un livre par mois. Depuis 2007, les chiffres n’ont guère varié. Les plus grands lecteurs sont des lectrices : 42% des femmes lisent plus de 6 livres par an (28% des hommes). Si l’on catégorise les lecteurs par affinités politique, l’on note que ce sont les partisans du Modem qui sont les plus grands lecteurs (43%). Ils sont suivis de près par les partisans de l’UMP (41%), du PS (37%), des Verts (32%). Les apolitiques (25%) arrivent dans les dernières positions. Comment les Français choisissent-ils leurs livres ? Sur le conseil d’un ami ou d’un proche (31%), sur conseil des libraires ou des vendeurs (6%), ou grâce aux prix littéraires (1%seulement). 50% des Français lisent pour se détendre, l’autre moitié (49%) plus sérieuse, met en avant le côté instructif de la lecture, 14% lisent pour rire, 8% pour « s’isoler » et 4% pour « frissonner ».
Alors comment relier les deux constats ? Les Français ne fréquenteraient-ils que moyennement les bibliothèques ou bien achètent-ils des livres pour faire joli ?