
Le songe d’Ariel, la fiction dans le Neguev d’Alexandra Schwartzbrod
Correspondante de Libération de 2000 à 2002 à Jérusalem, Alexandra Schwartzbrod a publié chez Stock deux polars à succès autour de cette ville (Balagan, 2003 et Adieu Jérusalem, 2010). C’est en hors série chez Gallimard qu’elle publie ‘ Le songe d’Ariel’, qui imagine ce qu’Ariel Sharon verrait s’il sortait de son coma. Un livre simple truffé de jolies images et rehaussé par le très beau personnage de la cuisinière éthiopienne.
A la ferme des Eucalyptus (version romancée du ranch des sycomores), dans le désert du Néguev, quelque part vers la deuxième moitié de l’année 2011, Ariel Sharon (appelé Meron pour les besoins de la fiction) est réveillé par le fumet délicat de l’agneau préparé par sa fidèle cuisinière d’origine éthiopienne, Mariam. Toute sa famille se presse autour de lui et l’octogénaire renvoie tout de suite ses médecins pour s’asseoir dans son fauteuil et prendre des nouvelles du monde et surtout de son pays. Tout l’étonne : un président noir aux États-Unis, qui lui a succédé à la tête de l’État d’Israël, le printemps arabe… Tandis que le premier ministre en place, Benyamin Netanyahou, rentre en urgence de Russie pour voir le grand homme réveillé, et que des manifestants de tous horizons se pressent au portillon de la propriété du Neguev, Meron-Sharon se demande s’il a vraiment bien fait de rouvrir les yeux.
Le songe d’Ariel est une fiction poétique qui ne fait pas mentir son titre biblique, puisque la vie de contingences quotidienne de Mariam y est au moins aussi présente que les émois de Sharon enfin réveillé d’un sommeil de 6 ans. Simple, voire parfois -de manière inattendue- simpliste sur les évènements politiques des dernières années en Israël et sur les mentalités des différentes populations du pays, ce roman est écrit dans un style direct tout à fait charmant.
Alexandra Schwartzbrod, “Le songe d’Ariel”, Gallimard, 160 p., 15 euros. Sortie le 12 janvier 2012.
photo : David Balicki.