
Le printemps du pêcheur de Roderick Haig-Brown, un classique du Nature Writing.
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Roderick Haig-Brown est né en 1908. Il a été bûcheron, trappeur, guide, magistrat, officier dans l’armée, présentateur radio, défenseur de l’environnement, président d’université, et surtout écrivain. Il est mort en 1976 en Colombie-Britannique. Les éditions Gallmeister nous offrent en ce mois de novembre une belle réédition du Printemps du Pêcheur dans la collection Nature Writing.
« Le propos de ce livre est simplement de divertir – divertir, en particulier, pendant ce bref instant de détente entre la fin du travail de la journée et le début du sommeil de la nuit. […] Divertir, dans le sens le plus noble de nourrir l’esprit, constitue le but suprême que puisse se fixer un écrivain. Je sais qu’une grande partie du plaisir que j’éprouve à la pêche vient de la tranquille fluidité de pensée qui me gagne quand j’y suis. »
Le Printemps du Pêcheur est un livre qui fait du bien. Du pur plaisir, une lecture apaisante pour celui qui vit dans la jungle urbaine. C’est une évasion, une porte qui s’ouvre sur un espace rythmé par les mouvements et les humeurs d’une rivière, où le calme est brisé par le vol d’un oiseau ou le saut d’un poisson. Le Printemps du Pêcheur raconte bien plus que de simples parties de pêche. Bien que parfois l’ouvrage se laisse aller à des aspects techniques dont le vocabulaire échappe à celui qui n’est pas pêcheur, l’auteur nous fait découvrir la nature secrète de la Colombie-Britannique. Aller à la pêche signifie aller à la rencontre de la nature, seul, dans un engagement total de l’esprit et des sens. Aller à la pêche c’est aussi aller à l’école de la vie. C’est découvrir. Ce qui nécessite une bonne dose de curiosité. C’est comprendre, la nature, les eaux, le poisson et ses habitudes alimentaires, connaître toute sa vie, le respecter. C’est acquérir de la technique, expérimenter, travailler, se discipliner, savoir être patient, savoir avouer sa défaite. C’est savoir rester en communion avec la nature, oublier la compétition et les facilités matérielles qui dénaturent la pratique. C’est devenir un homme en adéquation avec son milieu, son habitat, et mieux le connaître pour mieux le protéger. Le Printemps du Pêcheur est un moment de méditation, de solitude réparateur que nous conseillons à tous ceux qui n’en peuvent plus de la barbarie urbaine de leur mode de vie.
A un moment ou à un autre la discipline doit entrer en ligne de compte. Pas ce succédané psychologiquement édulcoré, cette méthode du « tu as bien essayé, tu mérites un bon point », cette insulte à la force de caractère d’un être humain qui souvent passe pour de la discipline, mais la discipline véritable du « tiens bon ou tais-toi, fais correctement ou rentre à la maison » qui, elle, permet l’acquisition de la maîtrise. […] Et ce sont les leçons enseignées de cette façon qui, assimilées, forment un homme et lui épargnent plus tard les défaites sans fin de la concession et de la médiocrité.
Un classique Nature Writing à lire absolument.
Roderick Haig-Brown, Le Printemps du pêcheur, éditions Gallmeister, Traduit de l’américain par Édouard Lindberg, novembre 2013, 23.10 euros.
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