
“Le Bruit de tes pas”, le premier roman enragé de Valentina d’Urbano
La jeune italienne Valentina D’Urbano signe son premier roman “Le bruit de tes pas”, le récit enflammé, nerveux et court, d’une très belle amitié.
Dans “la Forteresse” surnom de la banlieue romaine, rocailleuse, aride, matraquée de soleil, se sont établis, dans des appartements squattés, puis cédés par le temps, la narratrice Béa et sa famille, plus haut, Alfredo qui vit avec ses deux frères et un père ivrogne qui s’acharne sur leurs êtres frêles et blonds, entre deux instants d’ébriété . Entre les deux enfants s’installe très vite une amitié qui les ligote l’un à l’autre, à tel point que dans le quartier, on les appelle les jumeaux. Ils partagent tout : leur lit, leur mère, les coups, poussent comme deux mauvaises herbes, dans cette ville où personne ne veut d’eux. Mais l’adolescence , et les premieres manifestations d’indépendance de ce corps qu’ils ne reconnaissent plus, puis l’âge adulte et sa réalité brutale et violente ne cessent de les chahuter, les jetant loin de l’autre, les rapprochant sans cesse, les amenant à interroger une relation souvent chaotique, faite de sang, de rage, d’amour batailleur et inlassable.
“Le bruit de tes pas” est certainement le récit d’une histoire puissante, profonde et attachante, menée d’une plume enflammée et nerveuse, parcourue de morceaux de poésie en prose, d’une beauté sûre. Intense et passionné , comme écrit d’un seul jet, comme rédigé sur une émotion forte et douloureuse encore palpable à la lecture du roman, qui nous installe dans une tension, que la brise des pages parcourue est loin d’étioler.
Se voulant néo-réaliste, l’écrivaine donne à voir des scènes crues , mais qui restent enveloppées d’un film romantique. La mise en scène, l’assemblage provoqué, nous éloigne de la spontanéité du réalisme et de l’aspect documentaire qui en font le charme. Le hiatus entre le niveau de langue parfois ponctuée de grossièretés en équilibre précaire, la condition narrée des personnages et leur condition sociale, fait que l’ouvrage résonne parfois faux. La vision de “la Forteresse” et de ses habitants qui émane du livre, ne semble être autre que celle d’une passionnée, qui voit en ces êtres les contours de l’héroïsme, des âmes immenses. Accablés de destinée trop grande, de passions tenaces, ses personnages se font les acteurs un peu trop frêles et irréels d’une tragédie qu’ils peinent à rattraper.
“Le Bruit de tes pas” de Valentina D’Urbano, chez Philippe Rey en librairie de 5 septembre.
Visuel: couverture du roman “Le bruit de tes pas” Valentian D’Urbano chez Philippe Rey