La maison d’à côté, enquête psychologique à Boston
Auteure de polars à succès aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, l’américaine Lisa Gardner compte parmi les maîtres du suspense aux côtés de Mary Higgins Clark et de Patricia MacDonald. En France, depuis les 30 000 exemplaires vendus de “Sauver sa peau” (Albin Michel), Gardner est désormais également reconnue. Son nouveau thriller, “La maison d’à côté” est une belle investigation dans une famille – en apparence tranquille – de Boston. Il est actuellement disponible en librairies, toujours chez Albin Michel.
Alors qu’elle rêve d’un buffet plantureux, la belle DD Warren est appelée d’urgence par un collègue au sud de Boston : une femme vient de disparaître et il faut tenter de la retrouver au plus vite avant que la grande nouba médiatique ne commence… Sandra Jones est une charmante institutrice d’un peu plus de 20 ans. Mère de famille parfaite, elle a été enlevée dans la nuit, alors que son mari, journaliste, était au travail, et que sa fille, la petite Ree, 4 ans, était couchée dans son lit. La première chose qui choque l’inspectrice Warren est le caractère trop parfait de la maison et de cette petite famille. Et surtout l’attitude extrêmement froide du mari, qui a quand même mis trois heures pour appeler la police, quand il a réalisé la disparation. Ce dernier est donc le premier suspect, tandis que la petite fille de la disparue est le dernier témoin à l’avoir vue. Mais entrent également en piste : un voisin déjà condamné pour actes pédophiles, un soupirant spécialiste d’informatique, et un père absent depuis des années et qui a la main très longue…
Dans un style d’apparence bonhomme, mais pratiquant assidument la polyphonie, Lisa Gardner nous fait entrer dans l’univers pas si normal que ça d’une jolie famille de Boston. L’absence d’une mère est un sujet particulièrement inquiétant, et Gardner sait montrer avec finesse comment tous les personnages régissent à cette disparition. Au fur et à mesure que les cadavres sortent des placards, le suspense monte, alors même que l’enquête de la police semble allégrement piétiner. Qui plus est, Lisa Gardner aborde un autre sujet extrêmement sensible avec tact : la pédophilie. Elle fait parler un jeune homme condamné pour avoir abusé de sa cousine de 14 ans avec beaucoup de naturel et parvient à nous livrer son point de vue (il était amoureux) sans jamais l’excuser. Enfin, paradoxe assez prenant: le personnage le plus intéressant de ce roman volontiers féminin sinon féministe est le mari… Un très bon polar, profondément psychologique et qui éclaire bien des aspects de l’âme humaine.
Lisa Gardner, “La maison d’à côté” (“The Neighbor”), trad. cécile Déniard, Albin Michel, 432 pages, 20.90 euros. Sortie le 2 septembre 2010.