Fictions
Voyou, de Itamar Orlev : père, fils et Destin

Voyou, de Itamar Orlev : père, fils et Destin

17 August 2018 | PAR Yaël Hirsch

Le Premier roman de l’auteur israélien Itamar Orlev a reçu le prestigieux prix Sapir en 2015. Alors que l’auteur sera présent à Paris dans le cadre du Festival Lettres d’Israël, la traduction sort au Seuil à la Rentrée.

[rating=4]

A 36 ans Tadek est à un tournant de sa vie: installé à Jérusalem à la fin des années 1980, il est écrivain, déclaré talentueux dans sa jeunesse, mais n’ayant encore rien publié de conséquent. Il est quitté par sa femme qui part avec leur fils pour manque d’initiative et de succès. Il se réfugie chez sa fantasque mère à qui il prépare une omelette, appelle ses frères et sœurs disséminés entre les États-Unis et Israël et obtient deux l’adresse de leur père. Alors que le mur vient de tomber, Tadek décide d’aller voir cet ogre qui a écrasé leur enfance en Pologne à Wroclaw, toujours ivre, abandonnique et violent. Désormais en maison de retraite, le vieil ours boit plus que jamais, reçoit son fils avec autant égoïsme que et chaleur et entreprend avec lui un voyage sur les traces du village originel de la famille. Sur la route, il raconte sa résistance, la torture, la déportation et la rencontre avec la mère qui n’est pas moins survivante et forte tête que lui…

Dans ce roman touffu et concentré sur deux personnages masculins des antipodes, Itamar Orlev cueille le lecteur dans l’émotion de la relation père-fils et de la quête identitaire. Il le fait avec intelligence, finesse et ambiguïté quand il esquisse et approfondit deux personnages assez antipathiques et focalisés sur eux-mêmes. Aussi ivrogne, slave, vieilli, violent et méchant soit le père, c’est aussi un héros. Et derrière sa mollesse d’enfant gâté, c’est tout en pointillés que l’anti héros du livre donne à voir en flash-backs ses traumatismes d’enfance. Toute la grâce de la narration est de donner autant de place à ces derniers qu’aux épisodes romanesques de la guerre vécue par le père. Un vrais gros grand roman à dévorer en priorité cet automne.

Itamar Orlev, Voyou, trad. Laurence Sendrowicz, Seuil, 464 p., 22,5 euros.

Visuel : couverture du livre

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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