
« Pas pleurer » : Lydie Salvayre revisite la Guerre d’Espagne, version intime
L’auteure de La compagnie des spectres (Seuil 1997) et de Hymne (Seuil, 2011) se place sous l’aune de Georges Bernanos pour livrer le portrait d’une femme humble dans la tourmente de la guerre d’Espagne. En librairies le 21 août.
[rating=3]
Alors qu’en 1936, Georges Bernanos connaît en Espagne un choc moral qui aboutit aux Grands Cimetières sous la lune et au désamour du franquisme catholique, la mère de la narratrice est une jeune femme de 16 ans, modeste et fière, dont le frère et le prétendant plus aisé s’impliquent selon divers dogmes et points de vue dans la révolution en marche. Suivant ces derniers vers la ville, elle connaît à l’été 1936 le premier et grand amour de sa vie… Pour revenir à une indifférence quasi-morte de frayeur, de résignation et d’exil, tout le reste de sa vie.
A la fois très intime et habité du souffle épique d’un roman du 19ème siècle, Pas pleurer joue le contraste des cas de conscience d’un grand intellectuel chrétien et de la pulsion de vie d’une adolescente pleine de bon sens, pour mieux revenir – par la porte dérobée de la famille- sur un des épisodes les plus douloureux du 20ème siècle. Un beau livre, qui résonnera dans plus d’un foyer.
Lydie Salvayre, Pas pleurer, Seuil, 288 p., 18.50 euros. Sortie le 21 août 2014.
“Je n’avais jamais eu, jusqu’ici, le désir de me rouler (littérairement) dans les ressouvenirs maternels de la guerre civile espagnole ni dans les ouvrages qui lui étaient consacrés. Mais j’ai le sentiment que l’heure est venue pour moi de tirer de l’ombre de ces événements de la guerre d’Espagne que j’avais relégués dans un coin de ma tête pour mieux me dérober sans doute aux questionnements qu’ils risquaient de lever. L’heure est venue pour moi de les regarder. Simplement de les regarder. Jamais, depuis que j’écris, je n’avais ressenti une telle intimation.” p. 104.
visuel : couverture du livre