
“Madame Diogène”, le premier roman prometteur d’Aurélien Delsaux
Comédien et metteur en scène français, Aurélien Delsaux a publié en août dernier son premier roman Madame Diogène, aux éditions Albin Michel. Un essai gagnant qui promet de belles oeuvres à venir.
Madame Diogène vit quelque part pas loin de chez nous, à une époque qui ressemble bien à la nôtre, à une époque où tout s’accumule, grouille et accélère sans arrêt. Terrée derrière sa porte d’entrée, au milieu d’un foutoir dégueulasse fait d’immondices et de déjections, elle se cache. De la folie des hommes, de l’absurdité d’une civilisation qui court à sa perte, d’un dénouement inévitable qu’elle sait et qu’elle essaye de retarder.
Incarnation grotesque et excessive de la pensée du philosophe que Platon considérait comme « un Socrate devenu fou », ayant renoncé à toute forme de conventions sociales, Madame Diogène s’est réfugiée dans l’accumulation des petits riens, jusqu’à transformer son joli appartement d’autrefois en un immonde royaume où les souris et autres nuisibles ont élu domicile. Des prospectus entassés petit à petit, il y a quelques années, au terrier puant où elle ne peut presque plus circuler, la vieille dame, seule et misérable, s’est effacée du monde qu’elle regarde par un bout de fenêtre encore accessible. Derrière la porte, les autres…
Apparition fulgurante, comme un portrait entreaperçu par le trou d’une serrure et qui vous marquerait l’esprit au fer rouge, Madame Diogène frappe par la dimension délirante du personnage et par la force de l’écriture. Si on entre à reculons chez Madame Diogène, écoeuré et à la limite de la nausée, on finit par y plonger sans retenue. La maîtrise de la langue et l’univers dramatique si précisément façonné laissent entrevoir le talent de l’homme de théâtre. Aurélien Delsaux manie les mots comme on sculpte un bloc d’argile pour en faire une oeuvre choc et poétique. Il y a de la littérature dans ce premier roman. C’est plutôt rare pour en faire un événement.
Madame Diogène, d’Aurélien Delsaux. Editions Albin Michel. Parution: août 2014. 144p. Prix: 13,50€.
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2 thoughts on ““Madame Diogène”, le premier roman prometteur d’Aurélien Delsaux”
Commentaire(s)
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grivolat danièle
écoeurée, mal à l’aise, à la limite de la nausée au début, j’ai lu ce livre d’un seul trait, j’y ai même trouvé une forme de poésie (rare), une peinture très réaliste de notre société et même si on craint de deviner la fin, on se prend à espérer un sursaut d’humanité, une happy end, et on a très envie d’aller jusqu’au bout
UN BON LIVRE NOIR EN DEFINITIVE
grivolat danièle
écourée, mal à l’aise, à la limite de la nausée au début j’ai failli abandonner, mais la curiosité et l’attrait de connaître la fin m’ont poussée à continuer et j’ai trouvé dans ce livre noir un moment de pure poésie…Même si l’on craint de deviner la fin, on se prend à espérer un sursaut d’humanité, une happy end et on a très envie d’aller jusqu’au bout, j’ai lu ce livre d’un seul trait
UN BON LIVRE NOIR EN DEFINITIVE