
« L’homme sans maladie » : Arnon Grunberg grand maître de l’ironie
Arnon Grunberg, l’auteur néerlando-newyorkais du Messie juif (eho, 2006) et Notre oncle (Eho, 2011) est de retour dans son registre minutieux de prédilection : le caustique. Mettant en scène un architecte suisse propulsé dans la violence absurde d’un Moyen-Orient auquel il ne comprend rien. Brillant et jouissif. Sortie le 21 août chez Héloïse d’Ormesson.
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Samarenda Ambani a beau avoir des origines indiennes, il se sent plus suisse que suisse. Formé à l’architecture à Zurich, il est raisonnablement ambitieux. Au point de se trouver un associé qui a de l’abattage (et du cynisme) et une fiancée magnifique et vide, Nina. Lorsqu’il décroche une commande pour construire un opéra à Bagdad, il se dit que c’est l’occasion de prendre des proportions internationales; mais une fois sur place, son passeport suisse ne lui permet pas de rester au-dessus de la mêlée. La commande s’avère un faux et il se trouve pris dans un règlement de compte: ligoté, torturé et humilié, il s’en sort in extremis. Mais si l’aventure pimente ses expériences érotiques avec sa petite amie, le brave et naïf helvète ne retient pas la leçon et repart construire une bibliothèque à Dubai… Qui contrairement à sa réputation, n’est pas non plus tout à fait la suisse du Moyen-orient.
Comment peut-on être suisse? En plaçant son héros si mesquin hors de son univers référentiel, Arnon Grunberg démontre l’absurdité des gestes et des réflexions du quotidien d’un Européen. D’une ironie aussi mordante qu’à son habitude, Ail développe avec génie une psychologie absolument insupportable d’ignorance, de bêtise et d’orientalisme au petit pied; face à ce petit bonhomme en bois, le Moyen-Orient semble un grand continent absurde de cruauté et de violence brute. AU 21ème siècle, Ulrich est devenu aussi multiculturel que lisse, aussi propre que commun. Et c’est un eu à somme nulle donc, que cette humanité dérisoire, aux valeurs parfaitement relatives et que rien ne vient sublimer ou rédimer. Un roman à la fois hilarant et désespérant.
Arnon Grunbrg, L’homme sans maladie, trad. Olivier van Wersch-Cot, Eho, 256 p., 18 euros. Sortie le 21 août 2014.
visuel : couverture du livre
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One thought on “« L’homme sans maladie » : Arnon Grunberg grand maître de l’ironie”
Commentaire(s)
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dominique
Bonjour
Impatiente de découvrir ce livre , je vous remercie du jeu-concours .
Bien cordialement .