
Les filles au lion : Jessie Burton séduit une nouvelle fois
Les Editions Gallimard viennent de publier Les filles au lion, deuxième et dernier roman de Jessie Burton, l’auteure anglaise qui avait charmé avec son premier ouvrage, Miniaturiste, qui paraît à la même occasion en poche. Une nouvelle fois, l’auteure réussit le tour de maître de nous faire voyager dans le temps, l’espace et l’art. Un vrai bijou.
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Miniaturiste : un premier coup de maître
L’an passé, quand Jessie Burton, comédienne de théâtre londonienne, publie son premier roman, Miniaturiste, elle conquiert le monde. En Angleterre, le livre s’écoule à plus de 800 000 exemplaires et il vient de paraître en poche chez folio. Le roman, qui contait la vie de Nella Oortman, une jeune mariée de dix-huit qui débarque à Amsterdam en 1686 juste après son mariage, avait su charmer les lecteurs grâce à sa fine plume, son mystère contenu, son atmosphère glacée dans une Hollande étouffée par la religion et la sévérité des bourgmestres.
S’inspirant d’une maison de poupée entreposée au Rijksmuseum, le roman nous avait transportés dans un univers audacieux, dressant le portrait d’une femme profondément forte et déterminée à déterrer tous les non-dits qui enveloppent sa nouvelle famille, quitte à faire face à des épreuves qu’elle n’aurait pas soupçonnées un instant.
Les filles au lion : la confirmation d’un talent
Le mois dernier, les Editions Gallimard publiaient le deuxième opus de la jeune londonienne. Intitulé The Muse, il devient Les filles au lion en français sous la plume de Jean Esch. Avec joie, les lecteurs retrouveront ce qui les avait charmés la première fois : une enquête qui se tisse sous nos yeux, une formidable peinture d’un temps et d’une époque, de l’Andalousie bouillante aux premières heures de la guerre civile espagnole en 1936, au Londres des années 60 (et post-guerre).
Nous faisons la connaissance de Miss Odelle Bastien, une jeune femme timide venue des Caraïbes. A Londres, elle subit moqueries et racisme ordinaire notamment à cause de son accent des îles, mais derrière ses vêtements bien repassés se cache une jeune femme audacieuse et d’une finesse notable. Elle devient dactylo dans une prestigieuse Galerie d’art où elle fait la connaissance de Marjorie Quick, femme énigmatique à l’élégance et l’érudition évidentes et qui se prend rapidement d’affection pour cette jeune femme brillante. Par un curieux hasard, Odelle rencontre au même moment Lawrie, un jeune homme qui n’est pas insensible à son charme et qui se confie à elle : sa mère vient de mourir, ne lui laissant qu’un seul et unique souvenir, un tableau représentant deux femmes et un lion. Un tableau à la réalisation parfaite, pénétrante.
Sans le savoir, Odelle vient de pénétrer un monde. Un monde fait de mystères, de trahisons, d’amour. Qui se cache derrière ce tableau ? Et quels liens unissent Quick à cette œuvre dont on ressent toute l’électricité ? Qui est Lawrie ? C’est un voyage dans la campagne près de Malaga qui nous le dira, en faisant la connaissance d’Olive Schluss, fille d’un prestigieux marchand d’art, et d’un jeune homme, Isaac, déchiré entre deux passions : l’amour de son pays, de la République, et de la peinture…
C’est indéniable, Jessie Burton confirme, avec ce deuxième roman, un talent dont on ne se lasse pas un instant. Rassurez-nous, elle travaille déjà sur le troisième ?
Les filles au lion, Jessie Burton, Gallimard du monde entier, 496 pages, 22,50€.
Miniaturiste, Jessie Burton, Folio, 528 pages, 8,20€.