
« Les coqs cubains chantent à minuit », de Tierno Monénembo : les origines, à contre-courant
La musique et la danse rythment ce roman agréable à lire, où l’on découvre Cuba en suivant un héros sur la trace de ses origines qui, en remuant le passé, fera émerger un terrible secret.
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Curieux cheminement que celui des origines. On le croit semblable à un fleuve, qui va de la source à la mer, et que l’on doit remonter pour trouver ses racines. Ainsi, certains afro-américains (du sud, du nord et des caraïbes) ont-ils fait et font encore le chemin de l’Afrique pour embrasser la terre-mère.
Mais pas celui-là. Pas Tierno, un Guinéen qui débarque à Cuba à la recherche de ses origines, de sa petite histoire à contre-courant de la grande. Débarquant avec quelques vers d’une chanson et de fugaces images, il est bien décidé à mener l’enquête. Déterminé jusqu’à en être borné, il ne réussira qu’à se brûler les ailes en s’approchant trop près d’un secret qui le dépasse.
Avec une pointe d’espièglerie, Tierno Monénembo brouille les pistes: un héros qui lui ressemble beaucoup (même prénom, même origine), un narrateur qui fait durer le suspense sans avoir l’air d’y toucher, et d’autres personnages à plusieurs facettes qui se dévoileront au fur et à mesure du livre.
Mais, si bien ficelé qu’il soit, ce drame n’éclipse pas le vrai sujet du livre: Cuba. A travers le récit de quelques vies intriquées, l’auteur nous parle de son Histoire, de sa relation avec l’Afrique, mais surtout du Rhum, de la Musique et du Sexe, qu’il érige en sainte trinité de l’île. Un pays tragique et beau, rêveur et résigné, peuplé de personnages tour à tour fascinants et inquiétants.
Tierno Monénembo, Les Coqs Cubains Chantent à Minuit, Seuil, Janvier 2015, 192 pages, 17€
© visuel: couverture du livre