
« Le colonel et l’appât 455 » de Fariba Hachtroudi, l’Iran au cœur de la confrontation
L’auteure de Iran, les rives du sang (2001) et Ali Khameini ou les larmes de Dieu (2012) publie un thriller psychologique chez Albin Michel. Par-delà le bien ou le mal, Le colonel et l’appât 455 va creuser dans les tréfonds des zones grises de l’Iran. En librairie le 2 janvier 2014.
[rating=3]
Poussé malgré lui à travailler dans une des plus terribles prisons de la République théologique iranienne, un ingénieur et courageux soldat devient un colonel craint. Lorsque, par un acte manqué, il laisse transparaître à sa femme adulée quelle position il occupe dans leur société, elle le somme, horrifiée, de tout quitter. Il s’enfuit donc vers la France, espérant ne pas mettre sa famille en danger. L’attente de papiers dure 5 ans, passés dans l’illégalité auprès d’un doux poète. Lorsque le but est proche, le colonel iranien devenu immigré clandestin rencontre une des détenues de la prison où il a travaillé. Leurs deux mémoires entrent en orbite.
Récit terrible où l’amour, le passé iranien et les pires tortures cohabitent, Le colonel et l’appât 455 démarre avec puissance grâce à sa structure à deux voix, où l’on a du mal à trouver le manichéisme bourreau/victime. Même si la fin est un peu plus faible et rapidement emballée, la tension qui monte dans un monde supposé libre entre le bourreau malgré lui et une ancienne victime qui a trouvé une ténacité hors normes est tout à fait palpitante et émouvante. On attendrait cependant peut-être autre chose comme résultante de cette confrontation aux limites de l’éthique : le plaidoyer en faveur de l’amour semble faible après avoir exposé des personnages aussi complexes.
Fariba Hachtroudi, Le colonel et l’appât 455, Albin Michel, 187 p., 16 euros.
Visuel : © couverture du livre