
Le cas Eduard Einstein : Laurent Seksik donne la parole au fils du génie
Après avoir triomphé avec « Les derniers jours de Stefan Zweig » et son adptation au Théâtre Antoine, Laurent Seksik lève le voile sur la trajectoire terrible du fils d’Albert Einstein, Eduard, devenu schizophrène à l’orée de l’âge adulte. Sur la liste du prix Goncourt.
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Albert Einstein a eu trois enfants avec Mileva Mari qu’il a fini par quitter pour d’autres conquêtes. Son dernier fis, Eduard était son chouchou jusqu’à ce qu’il se révèle schizophrène, vers l’âge de 19 ans. « Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution. Les autres ce n’est pas moi, mais la main de la mort qui les a résolus » (p. 264), écrit Albert Einstein à propos de ce fils qui a vécu les trois quarts de sa courte vie dans une institution : l’hôpital Burghölzli de Zürich. La situation d’Eduard était une telle douleur pour son père qu’il ne lui a plus jamais rendu visite après son départ pour les Etats-Unis, en 1933.
C’est toujours dans une veine « Mitteleuropa » au bord du gouffre, avec une bonne dose de recherche historique et un sens de la psychologie proche de la sensibilité de l’auteur du « Monde d’hier » que Laurent Seksik dresse un double portrait expressionniste et complet : celui du père, en pointillés, mais surtout celui du fils Eduard, dont il imagine le monologue intérieur répétitif et résigné, à mesure que le temps perd de son sens entre les quatre murs sobres et propres d’un hôpital psychiatrique suisse-alémanique. Le roman fonctionne puisqu’il émeut et qu’il cultive le lecteur.
Laurent Seksik , “Le cas Eduard Einstein”, Flammarion, 204 p. 19 euros. Sortie le 21 août 2013.
visuel : Couverture du livre