“La Confrérie des chasseurs de livres” de Raphael Jerusalmy
” Le 5 janvier 1463, le parlement casse le jugement et bannit Villon, de Paris. Nul ne sait ce qu’il advient de lui par la suite. Comment résister à une telle invite! d’autant plus que Villon est le héros romanesque par excellence. Téméraire, attachant, tragique, rebelle […].Parfait pour un récit d’aventures…Une épopée de l’esprit et de la lutte pour la liberté ” C’est le défi que se lançait Raphael Jerusalmy pour son second roman “La Confrérie des chasseurs de livres”. Un défi loin d’être tenu, et un roman qui sombre vite dans les lieux communs moyenâgeux et orientaux.
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L’auteur de “La Ballade des Pendus”, reçoit, alors qu’il croupit en prison, attendant son exécution ,la visite de l’évêque de Paris, Guillaume Chartier qui s’apprête à lui confier une mission salvatrice. Convaincre Fust, un imprimeur de Mayence, réputé pour son insoumission à la papauté, de mettre ses presses aux services de Louis XI, qui compte mettre en circulation, contournant la censure et l’Inquisition, des écrits qui remettraient en question la suprématie du Pape, alors menace pour toutes les têtes couronnées. Pour cela, Fust a besoin de l’appui des Medicis, et de celui beaucoup plus obscur de la légendaire Confrérie des Chasseurs de Livre. Une mission qui mènera François et son acolyte Colin, le Coquillard, au fin fond du légendaire Jérusalem d’en bas.
D’une plume à bien des moments, par trop précieuse, qui mêle maladroitement illumination sacro-sainte, interrogation prétendument apocalyptique, saveurs d’amandes et d’encens et scènes de tortures crues, le normalien s’aventure à explorer les méandres de l’âme du poète en même que ceux de la Terre Sainte. Versant dans les poncifs de la fable orientale, le potentat arabe, impitoyable et tyrannique, qu’une ballade adoucit sauvant nos deux héros mal léchés, Aïcha, la belle esclave kabyle, et enfin le complot souterrain , mené par une armée de scribes juifs, prêts à renverser l’ordre du monde. Mais si la fable entraîne par la simplicité de son schéma, le roman plus baroque, se perd dans d’infinies intrigues et manigances, foisonnement de détails dont on ne sait plus si ils sont tirés de l’imaginaire ou de l’histoire tant ils se superposent dans un brouhaha inaudible.
“La Confrérie des chasseurs de livres” de Raphael Jerusalmy, Actes Sud, 320 p., Sortie le 22 août 2013.
“Et, elle en bonne prostituée, se prête à tous les symboles, à toutes les rimes,à tous les espoirs, à tous les prêtres à tous les soldats empochant sans broncher son solde de malheur et de mouise. Et pourtant ces quelques poètes persistent à la vénérer de leur odes alambiquées et ces quelques juifs prédisant qu’elle renaîtra de ses cendres. Car, pour eux, Le destin de Jerusalem n’est point gravé dans les guerres mais dans les textes les écritures. C’est une ville non tant bâtie de pierre et de briques, que maçonnée de palabres et de rêves.”, page 66 .
Visuel : (c) couverture du livre.