
“Bain de Lune” de Yanick Lahens, un prix femina des plus mérités
À l’heure où nous publions ces lignes, Yanick Lahens savoure sans doute le prix Femina remporté par son magnifique roman Bain de lune. Une récompense méritée, pour cette grande écrivaine haïtienne d’expression française.
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Dès les premiers paragraphes à l’italique, retraçant les pensées antérieures d’une héroïne se mourant, la langue puissante de Yanick Lahens s’impose à nous et nous embarque avec elle. Une langue fleurie de nombreux termes créoles qu’un lexique en fin d’ouvrage nous permet d’interpréter. Une généalogie complète des Lafleur et des Mésidor, dont le destin est mêlé depuis des générations, nous aide aussi à démêler les écheveaux d’une histoire aussi opaque que les sentiments qui animent les personnages.
Telle est la force de l’écriture de Lahens : parvenir à nous faire éprouver la culture, la beauté et la noirceur du destin d’Haïti, par le truchement d’une langue affûtée pour décrire les pulsions humaines, de violence comme d’amour. Le récit est aussi éprouvant pour le lecteur que pour l’héroïne mourante, dont il apparaît vite que le dénouement sera aussi le temps de son dernier soupir.
“Je ne cours pas au-devant de la mort, Rassurez-vous. Je ne suis pas un adepte du mlaheur. Je pars tout simplement comme tant d’autres, comme le Che dont vous avez certainement entendu parler, à la recherche d’une étoile qui n’est pas aux antipodes de la riason, mais qui est la raison même.” p. 163
Bain de lune, Yanick Lahens, Sabine Wespieser éditeur, 262 pages, 20€.