
“Alaska” de Melinda Moustakis: “Un sacré putain de poisson”
Petite fille de pionniers et nièce d’un pêcheur de truites, Melinda Moustakis est âgée d’à peine trente ans et Alaska est son premier ouvrage. Lauréate de plusieurs prix, la jeune auteure fait partie de la sélection “5 under 35” établie par la National Book Foundation.
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Avec treize nouvelles percutantes et sans fioritures, Melinda Moustakis dresse par petites touches fines et précises le portrait de sa région natale. C’est au fil d’histoires de famille qui s’étalent sur plusieurs générations qu’elle nous raconte la réalité de l’Alaska telle qu’elle la connait. Pêche à la truite, violence des échanges humains, froid qui enivre, rudesse des paysages. Tout y est. Un univers dur, sans pitié où l’homme se bat avec humilité, courage, parfois contre lui-même. Chasseurs, trappeurs, pêcheurs, c’est toute une galerie de personnages typiques de la région que l’auteure croque avec affection, justesse et humour.
La langue est brute, rugueuse, les dialogues savoureux. Chaque nouvelle a l’efficacité d’un instantané avec flash. Lire Alaska, c’est un peu comme être projeté de plein fouet à l’heure du dîner, à la table familiale, coincé entre un oncle qui sent encore la truite et une ribambelle de marmots têtus et durs à cuire. Ca braille, ça se cherche. Dehors la neige, la rivière qui chuchote et les montagnes. Le silence et la vie. Un premier recueil réussi et un très bel hommage.
Alaska, de Melinda Moustakis. Traduit de l’américain par Laura Derajinski. Editions Gallmeister. Publication: octobre 2014. 216 p. Prix: 22,50€