
Vive la Malbouffe, à bas le bio !, un livre hilarant + de santé publique
Un ouvrage édifiant, d’utilité publique, qui nous informe sur ce que nous pouvons, d’aventure, trouver dans nos assiettes ! Humour noir, dessins ludiques, textes mordants permettent de coupler l’entreprise d’information avec un vrai plaisir de lecture ! A offrir et à dévorer sans modération.
Comment informer utilement sans ennuyer le lecteur avec un jargon lénifiant ? Deux journalistes du Point, Christophe Labbé et Olivia Recaens, ont brillamment relevé le défi : en nous régalant d’un humour aussi noir, acide, ou amoniaqué que la malbouffe industrielle qu’on nous propose ! Ludique, plein d’esprit, l’ouvrage est divisé en petits chapitres explosifs, illustrés par Jean-Luc Porquet et Wozniak, dessinateurs au Canard Enchaîné. Un petit lexique, à la fin, nous invite à nous mettre à table dans cette jungle opaque de la malbouffe ambiante. Les têtes de chapitre ressemblent à des titres de polars de Léo Malet : « Y a de l’ambiance à l’abattoir », « Salut à toi, bisphénol A… », « Les obèses vous saluent bien », « Un steak passé à l’acide, c’est tellement meilleur ! ».
Les textes sont à l’avenant, denses, frappants, fruits d’un véritable travail d’enquête. Car le but n’est pas ici de livrer une charge édifiante ou sensationnelle, mais bien, essentiellement, d’informer le consommateur. L’idée est qu’un citoyen bien informé se trouvera libre de choisir son mode d’alimentation. Un livre d’émancipation, donc, dans ce que la tradition de l’enquête sociologique a de meilleur. Militer pour plus de transparence, aujourd’hui, c’est faire œuvre utile. Les chaînes de grande distribution et tous les « industriels de la malbouffe » fabriquent en effet leurs produits avec le souci de la rentabilité la plus élevée, et donc dans l’opacité, le contournement des règles sanitaires, le mensonge. Le savoir, c’est déjà un premier pas vers l’émancipation, vers la liberté de choisir. Tout le monde, à un moment ou à un autre, se préoccupe de sa santé : comment ne pas voir le lien avec son mode d’alimentation ? Récemment, les auteurs sont venus présenter l’ouvrage à La Belle Hortense, dans le Marais, tenu par Xavier Denamur, restaurateur militant dont nous vous avions déjà parlé à TLC (voir notre critique de son film, République de la Malbouffe).
Lisez, refléchissez et agissez !
Extrait : « la malbouffe met de la fantaisie, du suspense et de la gaité dans nos vies : désormais, comme dit l’autre, on ne se dit plus « bon appétit » mais « bonne chance ». Ce qui est quand même plus rigolo… » (Introduction, p. 7)
Vive la Malbouffe, à bas le bio !, de Christophe Labbé, Jean-Luc Porquet, Olivia Recasens, Wozniak, éditions Hoëbeke, 2013, 190 pages, 16€.