Essais
Michèle Cointet, La milice française

Michèle Cointet, La milice française

24 October 2013 | PAR Jean-Paul Fourmont

Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Tours, Michèle Cointet publie un ouvrage sur la milice française. Elle a auparavant obtenu le prix du quotidien « Ouest France » pour son livre Nouvelle histoire de Vichy.

[rating=3.5]

Michèle Cointet, La milice françaiseLA MILICE FRANCAISE
La milice française a été le fer de lance du régime de Vichy, elle a été créée le 31 janvier 1943 par Pierre Laval et devait rassembler des volontaires pour défendre l’ordre contre la résistance et les Alliés. Elle rêvait d’enthousiasme et de dévouement, mais la réalité fut autre.

LA MILICE EST VIOLENTE ET APPARTIENT A L’HISTOIRE DE LA COLLABORATION
D’après le secrétaire général de la milice Joseph Darnand, la vocation de la milice était de créer une force virile capable de réprimer le désordre intérieur. Il n’en fut rien et la milice appartient incontestablement à l’histoire de la collaboration.

LES MEFAITS DE LA MILICE
La milice est responsable de la répression des Glières et de l’assassinat de Maurice Sarraut et de Georges Mandel. Sa simple existence confirma que Vichy devint peu à peu « un Etat meurtrier ».

LACOMBE LUCIEN
Le film de Louis Malle sur Lucien Lacombe tend à faire croire que la milice était issue des bas-fonds, peuplée de déclassés sociaux. C’est faux, la milice était provinciale et bourgeoise. Elle plongeait des racines profondes dans la société rurale et au cœur des territoires. Elle se trouvait donc bien en opposition à la collaboration parisienne, animée par des intellectuels et le milieu. Bien des miliciens ont par ailleurs fini dans la Waffen-SS. Il y a également eu des miliciennes.

LE CAMP DE STRUTHOF
Le camp du Struthof était le seul camp de concentration sur le territoire français. Ce camp fut mis à la disposition des miliciens, qui ne furent pas choqués par l’indicible répression des Allemands.

LA MÉMOIRE DE LA MILICE
Souvent, les miliciens ne regrettaient rien et s’estimaient européens avant l’heure, puisqu’ils furent des acteurs de la réconciliation franco-allemande. Les pères miliciens ont transmis leurs représentations à leurs enfants, ainsi que l’écrit l’auteure.

Michèle Cointet poursuit un travail de mémoire. Son livre permet de comprendre précisément, ce que furent le rôle et l’action de la milice. Tout est dit et les chapitres sur la mémoire de la milice sont très réalistes et visionnaires. Il y a en effet une certaine littérature qui chante les exploits des Waffen-SS de la division Charlemagne. Les auteurs ont souvent recours à des pseudos, comme Saint Loup qui est Marc Augier (il fut au cabinet du socialiste Léo LaGrange, p. 284).

Bref, ce livre ouvre de stimulantes perspectives sur l’histoire de la collaboration et fera date.

Michèle Cointet, La milice française, éditions Fayard, août 2013, 341 p., 23 euros.

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Jean-Paul Fourmont
Jean-Paul Fourmont est avocat (DEA de droit des affaires). Il se passionne pour la culture, les livres, les gens et l'humanité. Contact : [email protected]

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