
“Dix mille et une nuits”: La folle saga des années 80 par Hubert Boukobza
Célèbre Patron des feux Bains Douches, Hubert Boukobza a vécu à l’épicentre des nuits parisiennes, régnant comme un pacha sur la boîte de nuit la plus célèbre du monde. Aujourd’hui à la retraite, seul et sans le sou, il revient avec humour et lucidité sur cette vie hors du commun, faite de jouissance et d’excès.
L’histoire se passe dans un monde que nous n’avons pas connu, un monde où Paris n’était pas encore une petite ville insignifiante dans un pays en crise, un monde où “la plus belle ville du monde” ne s’éteignait pas tristement à 1h du matin mais s’affichait comme la ville de la fête par excellence. Un monde où les gens se mélangeaient et où être riche n’était pas un scandale.
Juif tunisien élevé dans un pensionnat à Marseille, abandonné par son père puis par sa mère partie en métropole se trouver un autre mari, Hubert Boukobza grandit sans amour et passera la majeure partie de sa vie à le chercher partout, tout le temps. Un manque qui l’a aidé à se hisser au sommet? Sûrement. De la boulange de luxe à Bruxelles où un copain plein d’argent l’embarque, aux restaurants touristiques de la rue de la Huchette à Paris qu’il rachète un à un dans le quartier Saint-Michel, le jeune homme se découvre un sens inné pour les affaires.
Roi de la pizza et du menu grec spécial touristes, il achète Les Bains Douches en 1984, mis sur le coup par le célèbre Jean-Louis Costes. Ce nouveau club branché ne tourne pas très bien mais Boukobza voit le potentiel.
“Tout de suite, j’ai senti ce lieu. A l’agonie pourtant. Glauque. Peu de monde. Avec cette ambiance d’héroïnomanie, blafarde.”
Ne connaissant personne mais sachant très bien s’entourer, introduit par Jonathan Amar, mélangeant les talents et les cercles privés, il va très vite devenir le pire cauchemar de Régine, Castel et compagnie. Là où les clubs ont chacun une clientèle bien précise et très sélecte, Boukobza innove, tente et prône la mixité jusqu’au bout de la nuit. Fin observateur, discret mais très malin, il va très vite imposer Les Bains comme le temple incontournable où se montrer.
“Notre joie serait de mélanger le downtown branché au bling-bling rive droite des Champs – les deux contraires- et je cherchais des gens susceptibles de rallier ces faunes un peu sectaires qui ne se croisent nulle part.”
Boukobza devient alors l’hôte préféré des Happy few du monde entier, l’intime des stars Hollywoodiennes et assiste, le nez dedans, à l’explosion de la cocaïne. Multimillionnaire, toxicomane invétéré, avec l’amour de l’excès comme leitmotiv et la fantaisie comme religion, “Hubert” devient l’ami de toutes les gloires, monte des affaires avec les plus grands, de Robert de Niro à Mohamed Al Fayed.
Chef de bande de la tribu eighties, généreux en anecdotes croustillantes, ce businessman autodidacte nous livre dans ses mémoires brutes et sans fard toute la substance des plus belles nuits dorées parisiennes. Sans pudeur, il raconte les filles, le sexe, balance sur les uns et les autres. Au-delà de l’histoire d’un microcosme révolu, c’est aussi l’ascension fulgurante d’un homme qui brûla la vie par les deux bouts, joua toutes ses cartes sans compter ni jamais anticiper, qui embrassa la vie jusqu’à l’étouffer, qui paria à l’aveugle jusqu’à dégringoler tout en bas de l’échelle.
Dix mille et une nuits de Hubert Boukobza avec Jean-François Kervéan. Editions Robert Laffont. Parution: Novembre 2014. 288 p. Prix: 20€