
Des vies d’oiseaux, encore un excellent Véronique Ovaldé
Après le succès de “Ce que je sais de Vera Candida”, Grand prix des lectrices de Elle 2010 (voir notre critique), Véronique Ovaldé et son écriture sensible sont de retour à l’Olivier en cette rentrée littéraire 2011. A la rencontre du mythe, de l’ironie et de la psychologie clairvoyante, “Des vies d’oiseaux” met en scène une mère, une fille et leurs choix de vie, dans une Amérique Latine fantasmée. Vrai coup de cœur qui sort en librairies le 18 août 2011.
Modeste lieutenant de police mal remis d’un chagrin d’amour vieux de dix ans, Taïbo enquête sur un phénomène étrange dans une ville imaginaire d’Amérique Latine. Plusieurs familles huppées se plaignent que des squatteurs sont venus vivre chez eux pendant leur absence, sans rien voler si ce n’est un peu de nourriture et sans rien casser, si ce n’est par inadvertance. Parmi les plaignantes, l’élégante Vida Izzara, femme d’un magnat de l’outil médical, lui a menti quand elle lui a dit qu’elle n’avait pas de fille. Paloma, la prunelle des yeux de cette grande dame venue d’un milieu modeste a en effet fait une fugue définitive d’adulte l’année passée. Taïbo entraine donc Vida dans sa ville natale sur les traces de la colombe disparue…
Débutant comme un roman policier, “Des vies d’oiseaux” se transforme très vite en étude psychologique sophistiquées sur les choix de vie de deux femmes : Vida et Paloma. Brossant avec efficacité une galerie de personnages attachants qu’elle convie en une ronde géniale à la fin du roman, Véronique Ovaldé poursuit son œuvre mythique, planant dans une utopie latine qui s’évapore pour mieux laisser le lecteur se concentrer sur ce qui compte : les blessures, les non-dits et les choix toujours surprenants des femmes, capables de remettre en cause la vocation de toute une vie pour se sentir à nouveau pleinement vivante. Dans “Des vies d’oiseaux”, Ovaldé simplifie encore le décor et les situations pour se concentrer sur les relations humaines. L’effet mythique à la “Cent ans de solitude” de Vera Candida s’évapore, et le style s’allège encore, à travers une ironie acidulée qui porte le drame des sentiments profonds vers des cimes de justesse. Un roman qui se dévore comme un fruit de fin d’été.
Véronique Ovaldé, “Des vies d’oiseaux”, L’Olivier, 236 p. 19 euros.
“La femme du directeur de l’hôpital (Vida a discrètement demandé son prénom à Gustavo mais celui-ci a haussé les épaules, il s’intéresse peu au prénom des femmes de ses clients ou de ses collaborateurs, ça lui semblerait aussi incongru que de mémoriser le nom de leur chinchilla) porte une robe très simple et noire avec deux fines bretelles, c’est très élégants et ses seins tiennent tout seuls (ce qui est d’une certaine toujours fascinant).” p. 40.