“Georges Braque, l’espace réinventé”, aux éditions Prisma
À l’occasion de la grande rétrospective sur l’œuvre de Georges Braque au Grand Palais, les éditions Prisma sortent un beau livre consacré à ses natures mortes.
Plutôt que le catalogue, il peut être intéressant parfois d’emprunter un chemin de traverse pour mieux approfondir le contenu d’une exposition. Georges Braque, L’Espace réinventé porte en effet plus précisément sur les natures mortes de l’exposition, et fut publié aux Etats-Unis en accompagnement d’une exposition sur ses natures mortes cubistes de 1928 à 1945. Nous le découvrons dans une traduction française fluide et précise.
Outre la qualité des reproductions (dont nous retrouvons une bonne part des toiles sur les cimaises du Grand Palais), saluons la diversité et l’intérêt des essais. D’une part, ils sont écrits pour certains par des Américains, qui nous rappellent l’intérêt particulier que Braque a suscité Outre-Atlantique, et ce dès 1939 à Chicago. D’autre part, si dans l’exposition, l’articulation entre fauvsime et cubisme analytique puis synthétique est très claire, il est peut-être moins évident de saisir ce que Braque recherche à travers ses natures mortes.
Les questions spatiales et les enjeux théoriques sont bien sûr traités – et notamment la proximité avec l’existentialisme et la phénoménologie -, mais nous avons été particulièrement intéressés par l’essai sur les matières et les techniques : grâce aux techniques d’examen moderne, les toiles de Braque ont pu être analysées en profondeur. Les conclusions détaillent la diversité des matériaux employés et les techniques affectionnées par Braque. Notons qu’il mélangeait ses couleurs “alla prima” (directement sur la toile) et refusait le vernissage de ses tableaux pour que restent visibles tous ces effets de texture.
Enfin, l’ouvrage contient aussi deux essais historiques sur l’œuvre de Braque, celui de Carl Einstein en 1933, et Braque le Patron, publié par Jean Paulhan en 1952, introduit ici par Éric Trudel.
Georges Braque, l’Espace réinventé, Karen K. Butler, Editions Prisma, 236 p., 39 €.
Visuel : (c) couverture du livre