
Skandalon : Julie Maroh dans les coulisses mythologiques d’une idole
La créatrice de « Le bleu est une couleur chaude » (qui a donc inspiré “La vie d’Adèle” à Abdellatif Kéchiche) passe au pourpre de la mythologique pour dresser un portrait dark d’un chanteur idolâtré. Le dessin est toujours aussi saisissant, mais le personnage principal laisse de glace.
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Chanteur d’un groupe très populaire Cédric atteint le statut de Dieu mythologique sous le pseudo de Tazane. Ses fans adulent le personnage qu’il incarne sur scène et s’identifie à sa révolte. Mais l’artiste beau gosse est aussi un enragé qui se trouve incompris et méprise ses fans, entre sexe, drogue, provocation et profond mal-être. Une escalade de violence le pousse à commettre l’irréparable …
Sculptant le profil de son poète maudit dans l’antique glaise dont on fait les vases grecs depuis la nuit des temps et des émotions humaines, Julie Maroh propose un dessin à la fois brut et léché, avec des couleurs franches, oscillant du bleu de l’indifférence au pourpre de la rage.
Ses traits expressionnistes et ses décors simples, intemporels et un peu désolés interpellent et laissent, au centre de tout, l’Idole. Mais le personnage de Tazane, à mi-chemin entre un ange déchu et un Bertrand Cantat, ne touche pas vraiment. Cet éternel adolescent vibrant de mal-être fonctionne d’autant moins que l’auteure alourdit ses considérations socio-philosophiques de lourdes citations de Levi-Strauss et René Girard. Des cautions intello qu’on sent dès le grec originel du titre et qui n’est pas nécessaire lorsqu’on maîtrise l’illustration avec tant de talent et de sensualité !
Julie Maroh, Skandalon, Glénat, 152 p., 18.50 euros. Sortie le 11 septembre 2013.
visuel : Couverture du livre