
Au nord du monde de Marcel Theroux: une fable obsédante sur ce qui nous attend…peut-être.
Marcel Theroux est un réalisateur et romancier de nationalité anglaise. Issu d’une famille d’intellectuels doués (son père est le célèbre écrivain-voyageur Paul Theroux, son frère Louis est journaliste et auteur reconnu, son oncle Alexandre Theroux est un romancier célèbre, son neveu Justin Theroux est un jeune comédien promis à une belle carrière…), Marcel Theroux qui a étudié la littérature et les relations internationales à Yale avant de se consacrer à l’écriture, ne déroge pas à la tradition. Pour son premier roman, Jeu de pistes il reçoit le Somerset Maugham Award en 2002. Au nord du monde, son deuxième roman, remporte le Prix de l’inaperçu en 2011. Traduit en français et édité chez Plon en 2010, Il vient de paraître en format poche chez 10/18. Postfacé par Haruki Murakami, ce roman magistral lève le voile sur les possibilités d’un monde pas si lointain…
Dans la petite ville d’Evangéline, perdue au nord de la planète, quelque part aux confins de la Sibérie, le shérif Makepeace semble être le dernier survivant d’un monde où la désolation et la misère se sont abattues sans rien épargner. Alors que le froid et la neige lui glacent la peau dix mois par an, Makepeace préserve obstinément la demeure familiale de son enfance, vestige d’une humanité qui n’existe plus. Il y a bien longtemps de cela, Evangéline représentait le meilleur de l’avenir. Au cœur d’un monde qui allait trop vite et qui s’éloignait de l’essentiel, ses parents, comme beaucoup d’autres, avaient décidé de s’installer dans une région désertique, loin des villes, dans l’espoir de fonder un monde meilleur pour leurs enfants.
Depuis le jour où une femme et son enfant étaient arrivés affamés devant la porte de ses parents et s’étaient écroulés d’épuisement, beaucoup d’autres avaient envahi la ville. Le monde s’était éteint. Mais que s’était-il passé pour que tout s’effondre? Makepeace, qui n’était jamais sorti d’Evangéline, n’avait jamais su.
Depuis, errant avec ses armes et ses chevaux, Makepeace traîne dans le Grand Nord, sans jamais croiser âme qui vive, hormis les quelques Toungouses, natifs de cette terre à l’abandon, aperçus lors de ses vastes expéditions.
Cette sérénité morbide dans laquelle le shérif se complait va s’effriter lorsque sa route va croiser celle de Ping, enfant rescapée d’un trafic inhumain. Les deux individus vont alors s’apprivoiser et se découvrir, seuls au milieu du néant, tentant de reconstruire un semblant d’humanité.
Mais cette rencontre gorgée d’espoir n’est que le début de grands bouleversements. Car le monde est bien plus vaste que ce que Makepeace avait envisagé. Des survivants, il y en a. Mais ceux qui ont survécu ne sont pas les meilleurs…Et ce qui attend Makepeace au delà d’Evangéline va l’obliger à se confronter au pire de la nature humaine.
Au nord du monde nous entraine dans une incroyable épopée et lève le voile sur ce que pourrait être notre proche futur. Fable d’anticipation sur la fragilité et la beauté de notre monde, ce livre est d’une violence qui va bien au delà de celle que nous sommes capables d’envisager. C’est aussi un roman qui nous pousse à réfléchir sur le monde actuel et sur les conséquences de nos actes. La nature humaine est-elle si définitivement grotesque ? La vision de Marcel Theroux est d’une implacable justesse. Profondément bouleversant, rude et pourtant poétique, mené d’une main de maître, Au nord du monde est un livre à lire d’urgence !
« Autrefois, cet endroit avait un nom, me suis-je dit. Nous avions été si prodigues du savoir durement acquis par l’humanité. Tous ces petits faits arrachés à la terre. Le nom des plantes et des métaux, des pierres, des animaux et des oiseaux ; le mouvement des planètes et des vagues. Tout cela réduit à néant, comme les mots d’un message primordial qu’un idiot aurait mis à laver avec son pantalon et récupérés tout brouillés. » (p.225)
“Jamais auparavant je n’avais lu de livre qui m’ait autant donné envie de demander aux gens ce qu’ils en pensaient.” (Haruki Murakami- mars 2012)
Au nord du monde de Marcel Theroux
Traduit de l’anglais par Stéphane Roques – Postface de Haruki Murakami
Editions 10/18 – nouvelle édition parue en mai 2013.
354p. Prix: 8,40€
ISBN: 978-2-264-05215-5