
Welcome in Vienna, le monument d’Axel Corti sort en DVD
Le 30 novembre 2011 ressortait sur les écrans Welcome In Vienna, dont Yaël Hirsch nous faisait très largement et très justement écho à l’époque. En revanche, le film avait plutôt été diffusé dans un reseau limité. Depuis le 4 septembre le chef d’oeuvre d’Axel Corti est disponible en DVD.
En 1986, Axel Corti sort un film quasiment une biographie de son scénariste, Stefan Troller. “Welcome In Vienna” sort au départ seul sur les écrans, ensuite viendront les deux autres épisodes (1) « Dieu ne croit plus en nous » (2) Et « Santa-Fé ». La trilogie est alors complète.
Le film dresse en trois épisodes le portrait de l’Autriche incapable de renoncer au nazisme. Il raconte la vie d’un adolescent qui fuit son pays au moment de la Nuit de Cristal, il cherche à atteindre, tel un Moïse contemporain, les portes de la terre promise, ici, New-York. Le héros sera différent, autre visage, comme deux faces d’un homme. Impossible de défaire les valises, pour aucun de ces émigrés dont le mot est devenu leur métier. Freddy Wolf a le mal du pays, mais d’une maison rêvée. Il ne pense qu’à fuir, pour Santa-Fé, encore une terre qui ne sera pas atteinte. Alors, il rentre, mais en soldat américain, épisode nommé avec ironie “Welcome in Vienna”, plutôt que Welcome to Vienna, marquant une impossibilité à être chez soi pour un Juif errant.
Ce parcours fou est raconté avec une élegance de peintre, incluant des images d’archives. Tout se brouille, l’image est mouchetée. Tout dans ce film est support évident au propos. Le héros est confronté à l’après-guerre où il faudrait faire comme si, aimer, jouer, allez jusqu’à revetir l’uniforme nazi.
Avant de partir à Santé Fé, Freddy dit à Lissa, son amoureuse vide de sentiments qu’il est impossible d’être vivant en Amerique. Où qu’il soit il est étranger éternel. Plus tard, on entendra : “je ne crois plus qu’on change en changant de lieu”, mais alors comment faire ? Où vivre ?
On suit les aventures avec passion, chaque personnage dont beaucoup sont inspirés, jusqu’au nom même, étant dessiné avec une précision chirurgicale. Ce qui est particulièrement étonnant ici c’est de saisir comment ce réalisateur de génie a pu capter les origines du mal. Les images de ne sont jamais dures, les mots le sont. On ne plonge pas dans l’horreur des camps pourtant, l’absence des vivants est palpable.
Le dernier DVD s’accompagne d’un entretien de Stefan Troller.
Chef d’oeuvre absolu, maintenant accessible à tous .
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