
Vera dreams of the sea, drame social réussi dans le Kosovo actuel, vu à l’Arras Film Festival 2021
Un drame engagé aux partis-pris de réalisation jouant surtout sur la sensibilité, en Compétition pour l’Atlas d’or au dernier Festival du Film européen d’Arras.
Dans le Kosovo actuel, Vera voit son mari se suicider. Renommé et respecté de son vivant, il laisse en mourant sa femme se confronter toute seule à un monde de corruption, compliqué de surcroît par un aspect patriarcal prononcé.
La qualité centrale de ce film signé par la réalisatrice Kaltrina Krasniqi est qu’il paraît s’attacher, avant tout, à mettre les outils cinématographiques qu’il emploie au service de son personnage central, de son héroïne. La mise en scène semble vouloir s’employer avant toutes choses à traduire les sentiments qu’elle éprouve, et sa sensibilité : scènes intimistes pas trop appuyées, photographie au gris un tout petit peu esthétique qui sait rester dans le réalisme… Tout le contexte social décrit surgit donc non pas de séquences exagérément démonstratives, mais des situations que traverse, à l’écran, cette femme volontaire avec peu de cartes en main. Situations peintes de façon très humaine, juste, et avec un point de vue personnel.
Ce côté spécifique donne sa valeur particulière à l’histoire ici décrite, qui donne à suivre des faits qu’on a souvent vus dans d’autres films. Et l’interprétation de Teuta Ajdini Jegeni, toute en sensibilité intérieure, fonctionne très bien avec la réalisation. De la même manière, c’est davantage son visage buté mais lumineux tout de même, envers et contre tout, qui rend sensible le climat patriarcal qui règne dans la société du Kosovo actuel décrite ici.
S’il frappe un peu moins qu’Hive, autre film du Kosovo – signé par la réalisatrice Blerta Basholli – récompensé par l’Antigone d’or au terme du Festival du Cinéma Méditerranéen – ou Cinemed – à Montpellier, édition 2021, qui peignait une femme dans un climat infernal avec une terrible humanité, Vera dreams of the sea est néanmoins porteur d’un talent personnel, qui permet à celle qui le dirige d’entraîner son spectateur dans le récit qu’elle raconte, conté sous forme de fragments de vie tous assez intenses.
Vera dreams of the sea a été présenté en Compétition pour l’Atlas d’or au Festival du Film européen d’Arras, édition 2021.
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Visuel : affiche du film