
Territoire Perdu: le chef d’oeuvre de Pierre-Yves Vandeweerd
En salle le 30 novembre, primé à plusieurs reprises, Territoire Perdu, le dernier film de Pierre-Yves Vandeweerd propose une traversée majestueuse du Sahara occidental vers le mur de sable qui sépare le peuple Sahraoui de son territoire.
Achevée en 1989 par l’armée marocaine, l’édification de ces 2500 km de frontière cristallise la situation de cette région, partagée entre une zone occupée par le Maroc, riche en phosphates et en gisements de pétrole, et une autre sous le contrôle du Front de Libération du Sahara occidental – POLISARIO. En exil dans les confins du désert algérien, la plupart des Sahraouis, de culture et de tradition nomades, vit coupée de son territoire depuis 1975, après que l’Espagne s’est retirée militairement de sa colonie.
Reclus en exil, les Sahraouis subissent un enfermement qui, d’après le réalisateur, prépare l’épuisement de leur histoire. C’est pourquoi armé littéralement d’une caméra super 8, il tourne à la main quelques heures de pellicule, afin dit-il de « travailler contre l’oubli ». Les images, les voix et les bruits sont ceux de ce désert perdu dans lequel le vent souffle sans s’arrêter et le sable étouffe les pas. Jouant d’un décalage entre images muettes et témoignages audio de ce qui s’est passé et de ce qui continue de se passer, la main du réalisateur capte avec splendeur et délicatesse la beauté grave de ces déserts et le silence impuissant de leurs histoires.
Peu médiatisée, oubliée de l’occident, la guerre d’usure qui oppose les forces armées marocaines aux hommes du front de libération consume à petit feu une mémoire qui étouffe, cloisonnée hors de son territoire, séparée de son enfance.