
Hollywood, le rêve américain à la sauce fiction
Le confinement signe évidement l’âge d’or des séries, mais Netflix avait-il anticipé un tel succès en prévoyant la sortie de sa nouvelle mini-série signée Ryan Murphy, le 1er mai 2020 ?
Hollywood c’est le phénomène du moment, celui dont on a besoin quand la culture est arrêtée. Ryan Murphy (American Horror Story, Glee ou encore Pose) s’empare du temple du cinéma juste après guerre. Le casting est à la hauteur de l’enjeu de cette mise en abyme. Hollywood est le lieu mais aussi le personnage principal de ces sept épisodes qui se regardent en un clin d’œil.
Hollywood suit donc les désirs de gloire de Jack Castello (David Corenswet) qui commence comme pute pour gagner sa vie sous la direction d’Ernie (Dylan McDermot). Dans la Station service qui sert de plaque tournante, il croise le scénariste Afro-américain Archie Coleman (Jeremy Pope). Et puis au fil des rencontres dans le milieu super glamour d’Hollywood, nous découvrons le réalisateur Raymond Ainsley (Darren Criss), son amoureuse, la comédienne “de couleur” Camille Washington (Laura Harrier), Avis (Patti LuPone) l’épouse de Ace (Rob Reiner), patron de Ace studio, leur fille, Claire Wood (Samara Weaving) . Et puis Jim Parsons en vipère fort perspicace et Holland Taylor et Joe Mantello en duo de choc pour abattre les murs de l’obscurantisme.
La force de la série est de mêler un peu de vrai au faux. Le meilleur exemple est celui de Rock Hudson joué par Jake Picking. Dans la réalité l’acteur a du cacher son homosexualité jusqu’en 1985, alors qu’il était mourant du Sida. Christophe Honoré rappelait la sordide anecdote dans Les idoles, sa pièce sur ses icônes mortes du Sida : Yanou Collart, son attachée de presse et amie a été dans l’obligation de débourser 300 000 dollars pour louer un 747 afin de rentrer à Los Angeles car aucune compagnie ne voulait le transporter de Paris aux USA. Dans Hollywood, la série, l’idée qu’il est possible d’être homosexuel en plein jour arrive bien avant la vraie vie.
La série est un manifeste pour l’esprit de groupe et la liberté. Noir, juif, gays, chinois, femme… aucun ne peut s’afficher sur le grand écran ou alors seulement en étant cantonné dans des rôles stéréotypés. Le mantra du film est que l’american dream peut aussi tomber du bon côté. Le cinéma peut “changer le monde”… Surtout s’il est question que le rôle principal revienne pour la première fois de l’histoire à une actrice noire, n’en déplaise aux militants du KKK.
Alors, même si on l’avoue, on sait que tout finira bien ici, la série est tellement soignée que l’on pardonne toutes les facilités ! Décors superbes (magnifique idée de devoir reconstruire le H du célèbre panneau, alors même que tout se passe à L.A), robes et costumes à se damner, bande son d’époque et surtout, jeu délicieux des acteurs, sans exception. Le voyage est total et l’on plonge tête la première dans la magie du grand écran qui s’offre à nos tablettes dans nos salons. Si ça c’est pas un rêve !
Visuel : ©Netflix