Cinema
Nino, une adolescence imaginaire de Nino Ferrer, un film d’une vraie puissance d’évocation

Nino, une adolescence imaginaire de Nino Ferrer, un film d’une vraie puissance d’évocation

08 April 2012 | PAR Olivia Leboyer

A mille lieues des laborieux biopics convenus, Nino a l’allure d’une évocation poétique, simple et troublante. Les jeunes acteurs expriment parfaitement les émois de l’adolescence. A voir, pour y rêver ensuite. Sortie le 25 avril.

Thomas Bardinet réussit, avec trois bouts de ficelle, un petit film au charme tenace, comme une eau forte. L’adolescence de Nino Ferrer, jeune « macaroni » romantique, est marquée, déjà, par une attirance pour le rêve, l’inconnu, pour ce qui n’existe pas. Aussi tombe-t-il naturellement amoureux de Natacha (Lou de Laâge, vue dans le très joli J’aime regarder les filles, avec Pierre Niney), belle endormie rencontrée dans le train des vacances. En revanche, pour la jolie Nathalie (Sarah Coulaud, incandescente), son amie d’enfance, il ne saurait éprouver de sentiments nouveaux… Nathalie aime Nino d’un amour décidé et farouche, tandis que Natacha se laisse peu à peu séduire par le très charmant jeune homme (David Prat possède l’élégance et la fragilité du vrai Nino Ferrer, qui était en effet très beau !).
Nino aime-t-il Natacha, ou cette fille qui n’existe pas mais qui lui ressemble tant ? Comment le savoir ? Comme un pressentiment, Nino aime en regrettant déjà l’absence à venir. Lou de Laâge, qui joue Natacha (un personnage qui ne cesse de jouer, Natacha désirant devenir comédienne, ou actrice…), a des faux airs de Brigitte Bardot, avec qui Nino Ferrer a justement eu une liaison. Comme si ce premier fantôme avait imprégné toute la suite ? La mère de Nino Ferrer (qu’il aimait extraordinairement) est malicieusement évoquée à propos de cornichons… Tout est placé sous le signe de la perte, du désir différé, déçu, trahi, du rêve qui ne s’évaporera pas. S’il y a bien une allusion à Gaston et son téléfon, Thomas Bardinet choisit de nous faire redécouvrir une des plus belles chansons de Nino Ferrer, L’arbre noir, dont la dernière strophe résonne longtemps en nous :

Rien n’est changé, tout est pareil.
Tout est pourtant si différent.
Il flotte comme un goût de sommeil,
Ou de tristesse, je ne sais comment.
Ce n’est peut-être que le temps
Qui passe et laisse une poussière
De rêves morts et d’illusions.
Peut-être est-ce ton absence, mon cœur.

Et cette adolescence imaginaire, « c’est un décor que tu connais / peut-être t’en souviendras-tu »…

Un très beau film, à voir absolument !

Nino, une adolescence imaginaire, de Thomas Bardinet, France, 1h15, avec David Prat, Lou de Laâge, Sarah Coulaud, Benoît Gruel. Sortie le 25 avril 2012.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

4 thoughts on “Nino, une adolescence imaginaire de Nino Ferrer, un film d’une vraie puissance d’évocation”

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