My name is Khan, un plaidoyer convaincant
On vous annonçait avec tambours et trompettes la sortie événement de My Name is Khan pour le 26 mai. On y est allé !
Rizvan Khan est un jeune garçon musulman vivant à Mumbai. C’est un enfant différent, qui a du mal à vivre avec les autres. Il est couvé par sa mère qui lui inculque un regard humaniste sur les rivalités entre hindous et musulmans qui sévissent dans les rues de la ville. Arrivé à l’âge adulte et lorsque advient la mort de celle qui s’est occupée de lui toute sa vie, il fuit l’Inde pour rejoindre son frère à San Francisco. Il y apprend qu’il est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Il rencontre Mandira, une coiffeuse hindoue dont il tombe amoureux et qu’il épouse. Mais les événements du 11 septembre surviennent et viennent bouleverser leur vie heureuse. Les préjugés et les attaques se multiplient à l’encontre des musulmans. Et bientôt, c’est le drame, irrévocable. Face à la violence de la discrimination ambiante et pour retrouver l’amour de sa femme, Rizvan n’a plus qu’un objectif : rencontrer le président des USA et lui transmettre ce message : « My name is Khan but I’m not a terrorist ».
Pour les non aficionados du cinéma blockbuster de Mumbai, une petite mise au point s’impose : On ne regarde pas une production Bollywood comme on regarde un film made in Hollywood (ou made n’importe où d’ailleurs). Il faut s’adapter à une échelle de valeurs et à des codes différents. Il faut accepter de rentrer dans un autre monde et de se laisser porter sans réserve par l’emphase, la grandiloquence et les sentiments outrés d’un cinéma de l’extrême. Où bien rester à la porte.
My name is Khan, est la dernière réalisation de Karan Johar (voir notre article), LE réalisateur de Bollywood le plus populaire en Inde et à l’étranger, qui a permis à Shahrukh Khan/Kajol de s’imposer comme LE couple de cinéma le plus célèbre au monde. Les interprètes de Rahul et Anjali (Kuch Kuch Hota Hai et Kabhi Khushi Kabhie Gham) reviennent sur le devant de la scène pour un film riche en enjeux et en émotions. Karan Johar y aborde le handicap, les scissions religieuses, l’islamophobie, le traumatisme post 11 septembre… en saupoudrant tout cela d’un bel et grand Amour qui s’élève comme une barrière dans un monde pétri de violence (mais où la rédemption est possible). Il brosse ainsi un hymne bruyant à la tolérance. Un brin naïf mais dont la bonne volonté finit par nous emporter.
La première partie de ce film de 2h 40 remporte tous nos suffrages. Il y a du Forrest Gump et du Rain Man dans My name is Khan (le cinéma Bollywood aime reprendre à sa sauce les grands classiques occidentaux) et on aime la manière franche qu’a le film de dépeindre un héros handicapé et marginal, sans tabou (pas même celui de la sexualité, un comble pour un cinéma parfois qualifié de puritain !). Dans le traitement d’un sujet difficile, on est loin des stéréotypes et des clichés qui parsèment bien souvent le cinéma de Mumbai. On assiste à un détournement très rafraichissant des codes du cinéma Bollywood, à une prise de liberté jubilatoire. Karan Johar ne s’adapte pas aux codes, c’est lui qui les crée. Sans nul doute, c’est un visionnaire. On rit aussi beaucoup pendant la première partie de ce film. Et on se laisse emporter par la complicité des acteurs qui livrent d’excellentes prestations (le sur-jeu est de mise mais il pourrait difficilement en être autrement). On vit les intermèdes chantés qui nous plongent dans l’univers Bollywood bien connu avec délice même si les danses ne sont pas au rendez-vous. On est choqué aussi, et surpris par l’ampleur dramatique des évènements à venir…
Après une excellente entrée en matière, la deuxième partie nous déçoit. Car quand l’instant devient crucial et les enjeux se déploient complètement, les vieux démons ressurgissent. Exit la subtilité qui nous avait amené jusque là, place à une avalanche de bons sentiments un peu trop dévastatrice (voir les scènes dans la communauté afroaméricaine en Géorgie (qui en passant ont probablement été tournées en Inde vu la tête des vaches)). On sent que l’émotion est générale et que Karan Johar se doit de l’exprimer, même s’il doit en passer par un traitement assez lourdingue. Retour aux éclairs qui zèbrent le ciel et à la musique hurlante lors des moments clé et autres appuis bollywoodiens qui nous avait jusque là été épargnés. On assiste à une fin trop déclamatoire et assez amusante (la faute à un faux sosie d’Obama assez risible.) Et on ne peut s’empêcher de sourire face à cette vision messianique du nouveau président américain, le messie qui invite le King Khan (surnom officiel de Shahrukh Khan) à venir partager son pupitre. Quand on connait la délicieuse mégalomanie de la superstar indienne, cette scène prend tout son sens. Mumbai a conquis le monde ! Mais on appréciera la vision originale d’un immense fait de société labouré à Hollywood dont on avait pas encore eu le témoignage de la part du plus grand producteur de film mondial.
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5 thoughts on “My name is Khan, un plaidoyer convaincant”
Commentaire(s)
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Clément
Ce film est fabuleux, perso je l’ai adoré ! Si seulement on avait plus de pub pour Bollywood en France…
mehdi
un film fantastique!!!!!!!!!!!!!!!!
oumiii
j’ai trop envie d’aller le vooiiirrrrr!!!!!!!!
Muller
Un film plein d’émotions et de réalités face au monde musulman. L’autisme, la religion, l’amour, l’amitié y sont développés avec beaucoup de profondeur. J’ai adoré.
Farida
j’y suis allée hier soir c’est une belle histoire qui mèle Islam, autisme, traumatisme post 11 septembre, les préjugés…. prenez des mouchoirs si vous etes comme moi sensible!!!!