Cinema
Festival du film de La Rochelle : l’exceptionnel film censuré de Mohammad Rasoulof !

Festival du film de La Rochelle : l’exceptionnel film censuré de Mohammad Rasoulof !

06 July 2021 | PAR Cedric Chaory

Maurice Pialat était à la fête de la 49ème édition du FEMA via une rétrospective de son oeuvre exigeante. Le documentaire que lui a consacré son photographe attitré William Karel, constitué d’archives personnelles et de témoignages inédits, est un must pour tout amoureux de ce génie mal aimé du cinéma français. Autre moment fort du festival : la présentation du premier film de Louda Ben Salah : Le monde après nous qui décrit les affres d’un jeune écrivain dans un Paris uberisé quelque peu désenchanté. Un film générationnel sur les écrans le 5 janvier 2022.

Des-obéissance(s)

Ils sont 4 hommes iraniens au récit intrinsèquement liés. 4 hommes brisés par la peine de mort qui sévit dans ce régime autoritaire qu’est l’Iran, deuxième pays au monde avec le plus fort taux d’exécution. Ils sont Heshmat, bon père de famille à la sourde mélancolie, Pouya conscrit qui se refuse à exécuter un homme, le beau Javad, jeune amoureux en proie à une terrible révélation et enfin Bharam, médecin qui vit étrangement reclus dans les montagnes et qui s’apprête à révéler un secret à sa nièce venue d’Allemagne.

Aux premiers abords, ce sont des gens ordinaires, aux vies relativement banales mais leur place dans la société iranienne met leur vie à rude épreuve. Qu’ils aient tués par obligation ou refuser de le faire par conviction, leur destin s’en retrouve fracassé. En 4 récits de 45 mn chacun, le réalisateur Mohammad Rasoulof raconte dans Le diable n’existe pas l’enfer d’un pays vivant dans l’oppression et pose subtilement la question de la liberté de conscience et de la peine de mort en Iran. Avec une vraie tendresse pour ces personnages et un rare talent pour la narration qui vous tient en haleine il filme une petite humanité qui se débat, se rebelle ou capitule dans l’immensité de la nature iranienne dont la beauté n’empêche pas cette sensation désagréable d’étouffement. Réflexion sur l’état du monde et de la violence légale doublée d’une belle leçon de cinéma, Le diable n’existe pas est un film qui impressionne par son humanité et intelligence. Cet Ours d’Or 2019, tourné clandestinement et aujourd’hui censuré en Iran, est à voir impérativement. Sortie dans les salles le 1er décembre 2021.

Ma famille dysfonctionnelle

Et s’il y avait du John Cassavetes dans Sweet Thing réalisé par Alexandre Rockwell ? Film de famille et de clan, gros plans sur des visages solaires ou inquiets, famille borderline que ravage l’alcool, noir et blanc à la Faces et puis cette idée du cinéma libre et généreux qui vous happe littéralement.

Billie, jeune fille de 15 ans, et Nico, son frère de 11, zonent en ville pour améliorer leur quotidien. Alors, ils multiplient les menus larcins pour tenter d’oublier papa, aimant mais alcoolique, qui part trop souvent en vrille et maman, jamais là car entiché d’un abruti à tendance pédophile.

Un jour, alors chez leur mère en séjour en bord de mer, la fratrie rencontre Malik, jeune « hors-la-loi et renégat » comme il se définit. Ensemble, ils prennent la tangente le temps d’une parenthèse enchantée. Sweet Thing saisit avec grâce cette brève période où les enfants découvrent ce qu’il retourne du monde des adultes. Dans un très élégant noir et blanc (ponctué de séquences aux couleurs éclatantes et des apparitions de Billie Holiday), entre désillusion, résilience, tendresse et naïveté, ce presque-road movie authentique possède un charme particulier. En grande partie due à ses deux jeunes comédiens principaux : Lana Rockwell et Nico Rockwell. Sortie dans les salles le 21 juillet 2021

Visuel de Une : Sweet Thing d’Alexander Rockwell 

 

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Cedric Chaory

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