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Jusqu’à la mer de Marco Gastine : un regard sur le handicap au masculin

Jusqu’à la mer de Marco Gastine : un regard sur le handicap au masculin

03 February 2022 | PAR Marion Allard-Latour

Le documentaire du réalisateur grec Marco Gastine, Jusqu’à la mer, donne la parole à des patients ayant perdu l’usage de leurs jambes. Entre gravité et humanité, tous les protagonistes du film offrent une leçon de courage.

Au sein de l’hôpital général KAT Attica en Grèce, le quotidien du personnel et des patients est aussi bien de fait de drames que de petites joies. Le charismatique chef de service traite chacun d’eux avec humour et bienveillance. Les jeunes hommes qu’il doit soigner ont tous perdus l’usage de leurs jambes. Accidents ou maladies, ils vivent dans le même établissement pour des durées souvent indéterminées. Les tristes couloirs aux murs jaunis accueillent la détresse des familles et parfois l’impatience de certains.

Huis-clos

Grigoris, Stavros, Kyriakos et les autres forment une équipe particulière. Les liens qui les unissent se résument souvent à quelques paroles échangées dans un ascenseur ou autour d’une table. La pudeur est de mise à chaque instant du documentaire. Accompagnés par des familles ou des amis, ils affrontent ce combat jour après jour.

La jeunesse de Grigoris a été brisée à la suite d’un mauvais plongeon. Brillant étudiant en économie, il s’accroche tout en sachant qu’il ne remarchera probablement jamais. Son visage candide s’oppose à ceux plus abîmés de ses voisins de chambre.

Un autre patient ne quitte pas sa mère ou vice-versa. Elle reste toujours à proximité de ce fils qu’elle aimerait voir heureux. De temps à autre, la colère remplace l’incompréhension. Pourquoi acheter un fauteuil roulant à un prix exorbitant alors qu’il commence à faire quelques pas ? Pourquoi le personnel ne veut pas l’envoyer à la piscine pour sa rééducation ? Autant de questions afin d’anticiper la vie d’après.

L’espoir d’un avenir meilleur

Les semaines et les mois défilent au KAT. Le dialogue entre le personnel hospitalier, les patients et les familles peut se transformer en confrontation . Stavros refuse d’appliquer tous les soins qui lui sont proposés et préfèrent partir prématurément. Le documentaire montre que chacun fait le choix qu’il veut, en restant ou en partant.

La plupart ont un objectif après ces mois d’enfermement, celui de voir la mer. Mais dehors, il devront affronter le regard des autres quant à leur handicap. Grigoris, Stravos et leurs compagnons de lutte prendront peut être des chemins distincts en se rappelant qu’un jour ils ont croisé la même destinée.

Marco Gastine saisit avec précision et justesse les expressions des uns et des autres et rend ses lettres de noblesse à ce genre cinématographique.

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