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[Critique] « Straight outta Compton », brillante histoire violente
Ce film biographique sur les cinq grands pionniers du rap « gangsta » Ouest-américain, réunis sous la bannière NWA, est une réussite. En particulier grâce à ses scènes longues, et à la violence qu’il fait exploser à un rythme entraînant et dangereux.
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« Tu voulais traîner avec le monde de la rue, Jerry ? il est en guerre tout le temps », lance le rappeur Eazy-E, la gueule en sang, à son manager Jerry Heller (Paul Giamatti, bouffi, méconnaissable) au milieu de Straight outta Compton. En effet, le film s’ouvre sur une visite de routine du jeune Eric – le futur Eazy-E – à ses employeurs, des dealers de crack. Passé prendre sa paye, il se voit menacé par le patron, entouré de gars, et de filles, armés de fusils. Mais la police intervient bientôt : un camion vient arracher au bélier la façade de la petite maison de banlieue. Là où démarre l’histoire, à Compton en Californie, la rage règne.
Eazy-E (mort en 1995), Ice Cube, Mc Ren, et aux musiques, Dr. Dre et DJ Yella. Cinq jeunes gars issus de ces quartiers en tension, réunis au sein du groupe de rap NWA – « Niggaz Wit Attitude » – pour cracher leur colère en rimes. On va les voir imposer, avec succès, le style « gangsta », grâce notamment à leur album Straight outta Compton, sorti en 1988. Dans un film où les scènes, très longues, permettent d’apprécier l’atmosphère oppressante qui fit naître certains morceaux, tel le célèbre « Fuck tha police », écrit ici par Ice Cube après une séance d’humiliation imposée par des hommes en uniformes.
Pendant deux heures trente, le film de F. Gary Gray va progresser comme ça : par bouffées de violence successives. Violence qui rattrape toujours les cinq héros, même hors de leur quartier. Dehors, ils sont confrontés à la police, qui les soupçonne en permanence de délinquance. Dans les studios, à leurs dissensions, immédiatement traduites en morceaux musicaux incendiaires. Ou à des producteurs véreux et dangereux, comme Suge Knight, superbement campé par R. Marcus Taylor. On verra nos hommes unis surtout sur scène, lors de leurs concerts, filmés ici de façon électrisante.
Au-delà du plaisir qu’on a à entendre abondamment leurs morceaux ou à croiser les jeunes Snoop Dogg et Tupac, au-delà des performances brillantes des acteurs – dont les magnifiques Jason Mitchell (Eazy-E) et Corey Hawkins (Dr. Dre) – et malgré quelques passages trop attendus, on remercie surtout le film de nous conter l’histoire de cette violence et de ces dangers. Et de nos offrir tant de scènes impressionnantes : deux hommes armés qui viennent menacer, à leurs risques et périls, les cinq rappeurs en pleine débauche ; la rupture de contrat façon Suge Knight ; et la splendide confrontation avec la police de Détroit. Cette structure permet au film d’éviter la plupart des écueils hollywoodiens, et de garder un côté humain et rageur. Façon musique rap.
NWA, Straight outta Compton, un film de F. Gary Gray. Avec Jason Mitchell, O’Shea Jackson Jr, Aldis Hodge, Corey Hawkins, Neil Brown Jr, Paul Giamatti, R. Marcus Taylor, Marlon Yates Jr, Keith Powers, Lakeith Lee Stanfield, Marcc Rose, Corey Reynolds. Drame, américain. Durée : 2h27.
Visuels : © Universal Pictures International France