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Cinéma du réel 2023 : Grand Prix à deux films centrés sur les moyens de lire la réalité

Cinéma du réel 2023 : Grand Prix à deux films centrés sur les moyens de lire la réalité

03 April 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Ce sont Coconut Head Generation et Up the river with acid qui repartent avec le Grand Prix du Cinéma du réel, en 2023 : tous deux peignent des tentatives pour continuer à lire la réalité de manière personnelle.

Dans Coconut Head Generation, le réalisateur Alain Kassanda donne à voir l’activité d’un ciné-club d’étudiants organisé au Nigéria, destiné à mettre en avant la pensée critique individuelle. Dans Up the river with acid, Harald Hutter s’attache lui à suivre un homme ayant subi des déclins cognitifs. Ces deux films paraissent vouloir s’accrocher à des personnalités s’échinant à ne pas perdre leur rapport à eux à la réalité. Ils repartent avec le Grand Prix, alors que se termine le Cinéma du réel, Festival international de films documentaires, en cette année 2023. Un prix doté par la Bibliothèque Publique d’Information à hauteur de 5 000 euros et la Procirep à hauteur de 3 000 euros. A noter que le film d’Alain Kassanda remporte aussi une Mention spéciale au Prix Clarens du Documentaire Humaniste. Quant à Up the river with acid, il est lui aussi lauréat d’une Mention spéciale au Prix Loridan-Ivens – Cnap. Le Jury Long-métrage décerne par ailleurs une Mention spéciale à Allensworth, de James Benning, qui se centre lui sur un village de la Grande Vallée de Californie, fondé au début du XXe siècle par et pour des Noirs américains.

De l’Humanisme aux Détenues

En 2023, le Prix Clarens du Documentaire Humaniste – doté par la Fondation Clarens pour l’Humanisme à hauteur de 5 000 euros – couronne lui, donc, El Juicio d’Ulises de la Orden. Un film qui dévoile des enregistrements du procès tenu en 1985 de la terrible dictature militaire ayant eu cours en Argentine entre 1976 et 1983.

Le Prix Loridan-Ivens – Cnap, doté par Capi Films à hauteur de 2 500 euros et par le Cnap à hauteur de 4 000 euros, va lui au final à La bonga, de Sebastian Pinzon Silva et Canela Reyes. Lui suit le retour aux sources, dans leur ancien village, des membres d’une communauté marronne en Colombie, menacée dans le temps par des paramilitaires d’extrême-droite. Le film remporte également le Prix du Patrimoine Culturel Immatériel, doté par la Direction générale des patrimoines et de l’architecture du Ministère de la Culture, à hauteur de 2 500 euros.

Quant au Prix international de la Scam, il vient distinguer Being in a place – A portrait of Margaret Tait. Le réalisateur Luke Fowler y trace un tableau d’une réalisatrice indépendante d’Ecosse, et de sa vision très poétique du cinéma. Une récompense dotée par la Scam à hauteur de 5 000 euros. Le Prix de l’Institut Français – Louis Marcorelles, doté par l’Institut Français à hauteur de 5 000 euros, va à Ana Rosa, de Catalina Villar. Dans ce film, elle s’intéresse à sa grand-mère qui fut victime d’une lobotomie. Le Prix de la Sacem, doté à hauteur de 1000 euros, couronne Ciompi, d’Agnès Perrais, qui traite des révoltes des ouvriers du textile dans les temps anciens, à Florence en l’occurrence, et aujourd’hui.

Le Prix des Bibliothèques va, lui, à Adieu sauvage, dans lequel le réalisateur Sergio Guataquira Sarmiento enquête, en Colombie, sur une vague de suicide chez les amérindiens. Un prix doté à hauteur de 2 500 euros par la Direction générale des médias et des industries culturelles du Ministère de la Culture.

Quant au Prix des Détenues, il va à Piblokto, d’Anastasia Shubina et Timofey Glinin. Un film qui se penche sur un peuple habitant dans l’océan Arctique, chassant le morse et échappant aux ours. Avec une Mention spéciale aussi, pour Un coeur perdu et autres rêves de Beyrouth,  de Maya Abdul-Malak, consacré à la capitale libanaise avant les crises récentes. Un Prix à hauteur de 1 000 euros remis par la fondation Monique Desfosse.

Courts-Métrages salués et Prix des Jeunes

Côté court-métrage, le lauréat du Prix du court en 2023 est Last Things de Deborah Stratman. Un travail artistique documentaire qui se place du point de vue des minéraux pour parler de la marche actuelle de l’évolution. Une récompense qui représente 2 500 euros décernés par la Bibliothèque Publique d’Information. De même, le court Cinzas e nuvens remporte le Prix Tënk. Réalisé par Margaux Dauby, il s’attache à des femmes employées pour surveiller les déclenchements d’incendie, au Portugal. Un prix doté par Tënk, la plateforme de Svod dédiée aux documentaires de création contemporains comme anciens, à hauteur de 500 euros et augmenté d’un achat de droits de diffusion. Sans compter, en prime, une Mention spéciale du Jury Courts-métrages et premiers films allée au court Bac à sable, de Lucas Azémar et Charlotte Cherici.

Le Jury des jeunes, lui, a remis son Prix des Jeunes – Ciné+ à La Base, de Vadim Dumesh. Ce documentaire qui s’intéresse aux chauffeurs attendant des clients au sein de la Base Arrière Taxi de Roissy est donc acheté par la chaîne Ciné+ pour un montant de 15 000 euros.

Emergents, projets en cours, traces précieuses d’hier pour d’aujourd’hui

Du côté de la section Première fenêtre, dédiée aux réalisatrices et réalisateurs émergents, le Prix du Public va à Quitter Chouchou. Lucie Demange s’y confronte à sa mère, elle-même face à une séparation. Toutes deux se trouvant au final face à leur(s) identité(s) de femmes. Un prix représentant 2 000 euros en achat de droits par le CNC.

Le Coup de Coeur Orlando 2023 va à Al Oeste, en Zapata, de Davild Beltran i Mari, qui suit un chasseur de crocodiles. Le Prix Route One/DOC, représentant 2 000 euros du CNC, va au projet Brille la terre, via lequel Andréa Visini se penche sur un village pauvre du désert du Maroc où vit sa famille, et sous lequel dorment des richesses de sous-sol.

Enfin, la plateforme Préludes, qui mène tout un travail sur les premiers travaux de cinéastes, mis à disposition des amateurs de Svod, choisit deux films. Datant de 1998, Prove di Stato de Leonardo di Costanzo se voit décerner le Prix Préludes à la Numérisation. En un temps pas si lointain, il se penchait sur un maire prêt à tout pour passer à travers les mailles de la corruption. Et Juliette du côté des hommes, tourné en 1981 par Claudine Bories, et constitué d’entretiens menés par une femme réalisatrice, donc, face à des hommes parlant de leurs habitudes, s’est vu recevoir le Prix Préludes à la Restauration.

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Visuel : © Cinema du reel

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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